Nous sommes persuadés avoir besoin de certaine chose comme aussi de certaine expérience dans l’optique de pouvoir être enfin bien avec soi-même. Toute la problématique est que c’est tout l’inverse ! Nous avons besoin de rien pour nous sentir totalement bien. Ainsi le fait de croire avoir besoin de quoi que soit, nous conditionne à imaginer être bien ensuite et c’est ce processus d’attente qui génère tout le paradoxe qui nous enferme complètement à travers de multiples voies de conditionnement.
Comme il n’est jamais disponible en l’instant, il devient ainsi un bien à venir. Ceci crée alors l’illusion mentale que ce qui va venir ensuite sera pour notre bien. C’est là tout le piège du système ! Il n’y a rien à venir puisqu’il y a seulement tout à vivre. Tant que l’on attend ce qui doit nous rendre bien, on s’empêche finalement de ne pouvoir jamais l’être. C’est tout le paradoxe dans lequel nous sommes cloitrés, car nous ne savons plus être, mais uniquement imaginer ce que ce serait de pouvoir être à nouveau bien.
Comme nous sommes conditionnés, nous croyons à tous ces besoins qui nous poussent futilement vers tout ce qui nous empêchera de pouvoir goûter à ce bien-être ou à une vie simplement heureuse. Dans cette manière de vivre, il n’y a plus de place pour le bien-être ou le bonheur puisque nous vivons plus dans l’instant présent qui est la seule porte accessible à l’expérience de ce bonheur indéfectible.
Ce royaume virtuel est mental. À l’intérieur de cette réalité illusoire, nous croyons avoir des besoins, comme nous croyons aussi pouvoir vivre seulement à travers l’idée que nous en avons. Cette idée, cette structure mentale, est devenue le prisme par lequel nous croyons pouvoir vivre en ce monde.
Cette structure mentale est sans cesse tendue conditionnellement et c’est pour cela qu’elle nous programme à réagir d’une certaine manière afin d’atteindre l’idée que l’on sera enfin bien quand on aura suivi ce que l’on croit avoir besoin de suivre. Dans cet état, nous sommes toujours sous tension, car nous ne pouvons plus nous poser puisque nous sommes sans cesse en recherche de combler tous nos besoins et tous nos désirs.
Dans cette quête insensée, nous voguons dans un océan mental dans lequel il n’existe plus de port pour se poser. Seul le mouvement de nos besoins et de nos désirs nous élance sans cesse à travers toutes nos pensées qui les réactivent sans cesse. Dans ce flux sans fin, nous sommes perdus dans son mouvement incertain puisque ne pouvant jamais atteindre ce qui nous en éloigne sans cesse.
Tout ce qui lui fait croire qu’il a besoin de quoi que soit, est la dynamique même qui asservit l’être à exister dans une réalité où il ne peut plus juste être lui-même, où il ne peut plus se suffire à lui-même. Finalement, il ne peut plus être souverain puisqu’il donne tout son pouvoir à toutes les croyances qui le poussent à faire tout ce qui l’éloigne de lui-même et ainsi il ne peut plus être que l’ombre de lui-même, soit l’ombre de toutes ces croyances qu’ils projettent sans cesse en lui.
Besoin de rien pour se sentir bien, c’est comprendre que le besoin est irréel parce que c’est l’idée du besoin qui crée la tension afin de nous pousser vers ce que l’on croit avoir besoin. Mais une fois le besoin comblé, d’autres besoins viennent sans cesse se rajouter puisque le besoin est sans cesse illusoire. Ainsi, cela ne pourra jamais combler l’être puisque c’est seulement une fuite insensée vers ce qui n’existe pas. Cela n’apporte rien, car le bonheur ou le bien-être existe déjà en soi si l’on sait simplement l’accueillir en nous.
Il n’y a jamais rien eu à chercher ou même à trouver, mais seulement à pouvoir le faire éclore en nous. Tout est là, mais comme nous sommes sans cesse en recherche de, en tension de, on ne peut accueillir ce qui est déjà là puisqu’on court de toutes parts vers tout ce qui n’existe pas.
La merveille est là pourtant, sans cesse ! Quand enfin, on arrive à s’ouvrir en soi, dans l’espace total de tout ce que nous vivons, pour qu’elle puisse éclore en nous, alors elle nous élève dans le bien-être, d’être à nouveau soi-même. Ceci est le véritable bonheur, car c’est la seule bonne heure à suivre et donc à expérimenter. Celle de vivre à hauteur de l’expérience réelle de notre vie et plus jamais dans les temps imaginaires où l’abysse infernal cherche à nous y enfermer sans cesse.