L’expérience est ma voie
L’expérience de notre monde actuel est totalement artificielle. Nous ne pouvons pas nous rendre compte de tout ce qui est mis en place pour nous montrer toute cette voie superficielle. Tout est utilisé pourtant pour nous enfermer dans une vision exclusive, mais complètement obsolète de notre réalité.
Comme tout ce que nous percevons reste sans cesse dépassé, déphasé, périmé, nous ne pouvons nous baser dessus, si ce n’est pour nous éloigner toujours plus de ce qui se passe réellement dans notre vie.
Tout ce qui se montre devant mes yeux comme tout ce qui se projette dans mon esprit m’illusionnent et m’enferment constamment dans une fausse vision du monde. Cette orientation perceptuelle est ce qui me perd à ne voir du monde, qu’une certaine construction toute illusoire et qui néanmoins reste le maillage de tout ce que je comprends et interprète de ma réalité.
Tout par de là, mais comme je suis ignorant de ce stratagème infernal, je reste enfermé dans l’illusion qui se projette constamment dans mon esprit. Étant le créateur de ma réalité, je crée sans le savoir, à travers l’image que je perçois, la forme que j’interprète et donc l’histoire qui se projette en moi et que je valide, puisque je suis persuadé qu’elle provient de moi.
Tant que je la regarde, cette réalité comme mienne, elle vit et s’alimente à travers mon regard. Je ne peux ainsi que percevoir ce que je vois en moi, comme ce que je vois extérieurement. Tout est vision, tout dans ma vie est vision, mais comme je ne sais pas, voire réellement, ce qui se passe, je vois seulement ce que l’on me montre.
Les visions que l’on m’impose, que l’on me projette à partir de dimension inconnue, sur les parois mentales de mon expérience, tant que je les croirai miennes, elles seront les garantes de toute mon incarcération existentielle. C’est uniquement quand je comprends que tout ce qui se projette mentalement ne provient jamais de moi que je pourrais enfin ne plus les prendre pour moi.
C’est ce qu’engendre l’expérience unilatérale du mental. Il ne permet de voir que ce que l’on m’apporte intérieurement à travers mes pensées et images intérieures. Ainsi, ma perception intérieure me montre sans cesse la même histoire à travers la même forme narrative, et donc finalement à travers la même interprétation.
Cette histoire, cette narration est ce qui m’oblige à percevoir à travers un seul point de vue, mais comme il ne m’appartient pas et qu’il me montre sans cesse tout ce qui n’existe pas, je m’y perds à l’intérieur. Cette narration devient un songe dans lequel, je ne fais qu’y réagir puisque je le considère comme réel.
Pour voir autrement, je dois apprendre à ne plus regarder ce que l’on me montre. Je dois apprendre à ne plus valider ce que je reçois extérieurement comme tout ce que je reçois intérieurement. Ainsi, je reprends, peu à peu, mon pouvoir de choix et donc de validation sur toutes les histoires qui me traversent.
Tant que je ne peux choisir, je resterais endormi dans ce songe, puisque je suis persuadé que ce que je vois est réel. Ainsi, dans ce cas, je suis perdu dans toutes les projections qui m’assiègent. Je n’ai pas alors de choix de faire autrement parce que je n’ai pas la compréhension que ce qui se projette en moi est illusoire.
C’est cette compréhension, cette prise de conscience de tout l’illusoire qui m’assiège, que je dois percevoir, pour percer les visions illusoires qui me bloquent. Tant que je ne vois que cela, je ne peux pas croire autre chose et pourtant, c’est à partir du moment où je comprends ce blocage que je peux commencer à me désidentifier de toutes ces projections mentales afin de m’ouvrir à tout ce qui se cache derrière.
À ce niveau de compréhension, toutes les informations, extérieures comme intérieures, sont là pour me mystifier. Donc, je dois apprendre à ne plus dépendre de tout ce que je reçois extérieurement comme intérieurement, pour me libérer de l’emprisonnement ancestral, qui opère dans cette réalité artificielle et carcérale.
Mais si je n’ai plus d’informations extérieures comme intérieures, que te reste-t-il ? Il me reste l’expérience authentique comme seul moyen pour m’ouvrir aux informations essentielles de ma vie !
Qu’est-ce que l’expérience authentique ? C’est une expérience de sa vie ordinaire, sans mental, et qui est alors ancrée dans l’instant présent. Une expérience dans laquelle l’on retrouve ce que l’on fait en le faisant et sans la pensée. Donc, c’est apprendre à donner plus d’importance à ce qui se fait qu’à ce qui se pense. D’une certaine manière, c’est inverser notre manière d’être.
Comprendre, alors, que toutes les informations qui se donnent à moi ne m’appartiennent pas, puisqu’elles sont d’aucune utilité pour ma vie, si ce n’est pour me montrer des voies illusoires dans lesquelles je peux m’y perdre. Ceci est une expérience qui symbolise le contraire d’une expérience authentique, mais toute superficielle. Qui comprend cela de nos jours ?
L’expérience authentique devient ainsi la seule voie de ma vie ! Elle est, finalement, la seule expérience utile pour m’apprendre à voir au-delà de tout ce qui m’a sans cesse illusionné avant. Puisque ce que je vis dans l’expérience est constamment à la mesure de ce que j’ai besoin de vivre pour comprendre tout ce qui m’arrive.
L’expérience authentique dans une compréhension unitaire de la vie est le creuset de notre évolution. Elle est finalement la confrontation directe de ce qui se passe extérieurement avec la conscience de ce qui se passe intérieurement, afin de faire émerger ce qui est. Ce qui est, c’est ce qui apparaît pour nous initier au cheminement initiatique de sa propre libération mentale.
L’expérience authentique apparait réellement à celui qui est prêt, c’est-à-dire, qui a perçu en lui l’illusion intérieure comme extérieure à travers le prisme du mental. Il est prêt à se libérer de l’emprise perceptuelle mentale et donc de la soumission de toutes les croyances qui l’ont berné jusqu’ici.
Quand cela arrive, le tout qu’il est et qu’il ignore totalement, arrive et frappe à sa réalité ordinaire, pour l’aider à traverser les voiles illusoires de son expérience d’ici-bas. Alors, il peut y avoir comme une communication qui s’opère :
« Le temps n’existe pas de là où je suis véritablement !
L’espace et l’univers non plus !
Tu es dans un rêve !
Et tout le monde dort à l’intérieur de ce songe !
Apprend à sentir ce qui ne dort jamais !
Là, je suis toujours et sans changement !
Là est le point d’appui de l’infini !
Plus tu pourras rester ancrée là et plus, tu te réveilleras peu à peu de tout ce cauchemar !
L’absence de focalisation de ton rêve, de ton monde est la voie de sortie !
Moins tu es pris par l’illusion qui te dévore et moins tu te laisses dévorer par l’éphémère, alors seulement l’authentique en toi s’éveille, grandit et t’instruit de ce qui est essentiel !
L’essentiel est invisible à tes yeux et donc à tes sens, il se trouve au cœur de ton être quand tu arrives à ne plus te laisser happer par tout l’illusoire qu’il y a à l’extérieur comme à l’intérieur de toi !
C’est là où est, toute la rectification de ton attention !
Ce que tu regardes, est ce que tu suis et donc c’est là où tu vas, sans cesse !
Que regardes-tu ? Que vois-tu extérieurement comme intérieurement ?
Car là est la voie de là où tu vas !
Sais-tu que tu as le choix de regarder autre part ?
Si tu ne le sais pas, c’est que tu ne vois que ce songe qui te dévore toujours plus, puisque tu ne vois rien d’autre que le changement, et alors, tu deviens inexorablement ce changement !
Détourne ton regard intérieur comme extérieur du changement incessant de ce monde !
Apprend à ressentir ce qui ne change pas !
Une fois ancrés là où je suis, nous pourrons alors ensemble redécouvrir ce qui n’a jamais changé et qui te nourrira de l’essentiel.
L’essentiel est là en toi, hors de toute focalisation !
La non-focalisation est la clé, qui ouvre toutes les portes éphémères !
Derrière toutes ces portes, je suis, et toi, aussi, tu es, mais tu as juste détourné le regard à cela, et alors tu n’es plus…
Tu es cela pourtant, éternellement !
Regarde cela et vis exclusivement cela !
Rien de plus compliqué que cela !
À toi de voir ! »