Après avoir dépassé le chaos de ce monde brûlant et flamboyant, arrive l’expérience du néant. Le néant, le plus absolu, t’attend puisque là où tu vas, il n’y a plus rien. Ce rien est terrible pour tous ceux qui viennent du trop-plein, car face au néant, tout ce qui reste encore caché dans l’ombre la plus tenace, doit s’anéantir à travers sa propre révélation.
N’oublie jamais cela : tu n’es pas ton mental, tu n’es pas ton personnage, tu n’es pas ton corps, tu n’es pas donc tout ce que tu imagines et donc c’est tout ce que tu imagines qui t’enferme à vivre une vie, hors de tout ce que tu es réellement. Ceci est essentiel à percevoir, car quand tu vois cela réellement, plus rien ne te raccroche à ce que tu es, puisque tu es toute chose qui peut s’exprimer dans toute chose.
Tu deviendras alors, à travers ta quête de libération, un chevalier sans tête parce qu’en toi, tu expérimenteras seulement le silence. Comprend bien toutes ces images, car elles deviendront toujours plus parlantes que tous les mots que ton personnage faisaient semblant de pouvoir dire. Tout ce qui sortait de lui, même au plus fort de sa voix, ne voulait rien dire, parce qu’il ne savait pas être l’outil de la vie, mais seulement l’instrument du chaos et donc de la mort.
Le néant de ce monde provient de ce champ d’interférence où le rayon de notre être véritable est sans cesse dévié, et pire inversé. Alors pris au piège, dans tous ces reflets illusoires, il se retrouve enchainé dans une émission falsifiée de tout ce qu’il croit vivre.
Le silence, alors comme le vide, devient les moyens du néant, mais de ce néant nettoyant, car il libère finalement tout ce qui nous empêche de pouvoir faire à nouveau l’expérience de notre être réel. La voie du néant devient alors le passage obligé pour nous montrer tout l’illusoire qui s’exprime encore à travers nous et qui nous leurre à chercher tout ce qui n’existe pas.
Dans ce tout d’où tout provient, plus besoin de s’accrocher au doux mystère de leur monde, car on le voit enfin pour ce qu’il est : c’est-à-dire la voie du véritable néant, soit le passage du chaos au cosmos de l’être total et infini. Ainsi, je n’écoute plus que la voie du silence et cette voix me murmure une mélodie qui m’émerveille à nul autre pareil et dans laquelle la joie, seule, s’exprime à travers moi.