L’Art de la Marche
Nous sommes tous des êtres passants. Toute notre vie, nous marchons, nous avançons et donc sans cesse, nous passons à travers des lieux comme aussi par de multiples états d’être. Nous ne sommes jamais immobiles, même si certaines fois, nous le croyons. Constamment, nous bougeons, que cela soit extérieurement comme intérieurement.
Nous ne faisons qu’avancer, marcher, aller vers… Ceci est notre lot quotidien et pourtant, dans tous ces mouvements, nous pouvons aussi créer des voies dans lesquelles nous allons nous enfermer. Ces chemins que nous arpentons jour après jour deviennent notre vie, notre référence et nous nous sentons en sécurité dedans.
Hors de ces voies, nous ne nous y aventurons peu, voire jamais. Nous finissons par passer par les mêmes routes, les mêmes endroits, et finalement aussi les mêmes états d’être. L’art de marcher arrive quand nous avons fini par nous perdre dans toutes nos habitudes. Cet art de la marche est là pour découvrir tout ce que nous ne connaitrons plus si nous restons ancrés dans ces mêmes endroits, dans ces mêmes routes comme aussi dans tous ces mêmes états.
L’art de marcher est un Art ancestral dont nous avons tout oublié. Cet art était considéré comme l’expérience ultime dans sa vie, car une fois que l’on arrive à le pratiquer, tout devenait beaucoup plus clair et tellement plus lumineux. Il permettait de donner à celui qui l’expérimente une attitude si ouverte que toute problématique rencontrée dans sa vie pouvait être alors complètement dépassée.
Simplement en marchant, tout prenait sens, tout se résolvait sans rien faire d’autre que de marcher. L’art de marcher était utilisé pour s’ancrer dans sa réelle nature, à travers l’expérience simple d’être toujours plus présent, toujours plus conscient.
Il n’y a rien de compliquer à marcher, tous peuvent le faire. Ici, dans cet Art, il n’y a pas de pourquoi faire cela ou pas, non, il y a juste une invitation à la redécouverte de la marche, seulement une expérience du sens de la marche. Tout marche bien naturellement, tout fonctionne correctement, mais nos manières de faire nous ont poussé à bout. À bout de tout et à force d’être à bout, nous ne fonctionnons plus naturellement, nous devenons sans nous en apercevoir dysfonctionnel, complètement artificiel, ce qui nous rend totalement bancals.
L’art de marcher est un Art qui permet de retendre toute notre manière de fonctionner dans un sens utile et fonctionnel. Il donne l’opportunité de redécouvrir tout ce qui nous bloque, tout ce qui nous disperse, tout ce qui nous plombe et donc tout ce qui nous empêche d’être à l’aise, bien, centrer. Plus on l’expérimente, et plus on s’harmonise, on se détend, on se relâche pour enfin pouvoir se poser.
Comment s’ouvrir à cet art de la marche ? Il suffit de prendre du temps pour juste l’expérimenter. Sortir dehors dans un endroit calme, en nature ou même dans un jardin. Se donner un laps de temps et marcher, marcher sans but, sans direction où aller, juste marcher, respirer, prendre ce temps pour être et voir ce que cela fait.
Rien d’autre que cela, juste marcher, respirer, prendre ce temps pour être et voir ce que cela fait. Prendre conscience de sa marche, de sa posture, se focaliser juste sur ce qui se passe dans son corps. Marcher, doucement, tranquillement et se centrer sur sa marche, sur ses pas, sur les mouvements du corps.
Plus on marche et moins, on pense, plus on marche et plus, on s’ouvre à soi. À ce qui est là sans cesse, mais comme nous lui fermons sans cesse la porte dans toutes nos cogitations, nous n’y faisons pas du tout attention. Ainsi, la marche aiguise notre attention puisque finalement elle nous pousse constamment dans l’expérience de l’instant présent.
Plus on marche, et plus on est présent, surtout s’il n’y a nulle part où aller, puisqu’on marche juste pour marcher. C’est se donner ainsi le moyen d’Être tout en prenant toujours plus conscience de ce qui se passe en soi. Comme on est ouvert à ce qui dépasse le mental, alors on trouve des solutions à toutes nos problématiques parce qu’on est câblé à la source de notre être sans plus d’interférence mental et donc on a accès à toutes nos ressources.
Ainsi la marche devient une expérience de dépassement de soi. Un dépassement non physique, mais un dépassement psychique, qui permet ainsi de faire une expérience de Soi, de sa totalité, puisque l’on s’ouvre à tout ce qui nous dépasse. Plus on expérimente ce dépassement et plus, on l’actualise dans notre réalité. C’est notre réalité essentielle qui prend alors de plus en plus de place en nous.
C’est à travers l’expérimentation que l’on peut réellement s’éveiller à Soi. Sans expérimentation, on se perd sans cesse dans les méandres labyrinthiques du mental et dans son œuvre, nous n’avons pas de place pour l’expérimentation. Qui comprend cela, comprend l’essentiel, car tant que cela n’est pas intégré, on peut se perdre à jamais dans sa tête.