Aider son prochain ou s’aider soi-même ?

Aider son prochain ou s’aider soi-même ?

Tout ce que nous voulons faire à l’autre, c’est toujours ce que nous ne pouvons pas encore faire à soi-même. Ainsi l’autre est toujours le précurseur, l’entraineur et donc aussi le révélateur de ce que nous devons apprendre à faire en soi-même. Dans notre réalité contemporaine et donc temporelle, nous apprenons sans cesse des autres, car ils sont toujours le miroir de tout ce que nous ne sommes pas encore prêts à percevoir de ce qui se passe réellement en nous.

Tout ce que nous voulons faire, comme aider son prochain, sert à nous préparer à nous aider nous-mêmes. Longtemps, j’ai aidé les autres sans pouvoir concrètement m’aider moi-même, pourtant toute l’aide que je leur apportai, servait tout autant à m’aider moi-même.

Tout ce que j’ai donné à l’autre, je me le suis donné à moi, même si c’était fait inconsciemment. Comme tout est Un, toute action, tout jugement ou toute aide sur autrui est à chaque fois sur Soi. Les deux choses qui m’ont le plus aidé dans ma vie furent d’aider les autres et de m’ouvrir aussi totalement au silence de mon être.

J’ai tellement appris en pouvant aider les autres, mais j’ai surtout compris, que je ne pouvais les aider qu’à travers le niveau d’état d’être que j’avais déjà atteints. Pour l’exprimer différemment, je ne pouvais que donner ce que j’avais, je ne pouvais qu’amener l’être, là où moi-même, j’étais déjà parvenu.

Tout le reste, je ne pouvais le faire, car je n’avais pas encore la capacité de le comprendre et donc de le transmettre. Nous sommes entourés de bornes infranchissables dans notre vie, mais elles ne sont que les limites que nous ne sommes pas encore prêts à franchir. Comme tout est en parfaite relation avec ce que l’on a vraiment besoin de vivre, tout sert notre propre évolution et encore plus toutes nos embuches ou nos difficultés. C’est à travers ce qui nous freine, que nous apprenons à avancer. C’est à travers tout ce qui nous fait tomber, que nous apprenons à nous relever, et donc ce qui est contre nous, nous sert sans cesse à révéler tout ce qui était encore caché en nous.

Notre évolution se fait à travers l’expérience de notre vie, une fois que nous avons réussi à sortir de toute notre propre interférence mentale, nous affrontons un monde dans lequel tout ce qui se présente, est là pour nous permettre de toujours mieux nous comprendre. Cette compréhension n’est pas du domaine du mental, elle n’utilise plus les pensées comme avant mais laisse éclore un courant d’idées lumineuses à travers la confrontation réelle de notre vie ordinaire de tous les jours.

L’expérience réelle de notre vie, est là pour nous permettre d’affronter tout ce qui va nous aider à dépasser les bornes qui nous contiennent encore mentalement. La direction de tout ce processus est de nous acheminer à redécouvrir tout notre fonctionnement naturel qui est hors du domaine mental.

Nous vivons ainsi dans différents courants d’expériences. Le premier courant est l’expérience de nos croyances, c’est là où nous nous confrontons à tout ce que nous croyons du monde comme de soi-même. Ce courant est très déstabilisateur, car à ce niveau, on affronte de multiples réalités qui nous dépassent et qui œuvrent contre nous. Tant que nous ne pouvons entrevoir ce qui se passe, nous restons leurrés totalement jusqu’au moment où nous comprendrons enfin ce qui se passe et nous inverserons alors notre propre asservissement en moyen d’apprentissage et de connaissance de soi.

Une fois traverser tout ce courant qui existe seulement dans le champ mental, on est prêt à s’ouvrir à un nouveau champ d’expérience qui est de commencer à pouvoir s’aider soi-même. Nous ne sommes plus illusionnés dans le besoin de croire avoir besoin des autres pour apprendre à se comprendre. Ainsi toute l’illusion n’a plus d’emprise sur nous et nous nous ouvrons à l’expérience réelle de la vie.

Ici, à ce niveau, nous pouvons commencer réellement à aider les autres pour sortir du champ mental, car nous l’avons déjà fait, mais nous continuons tout autant notre route évolutive à travers un autre courant qui est l’inverse de l’autre parce que celui-ci nous réachemine vers le centre de notre être. Dans cet autre mouvement, les choses sont plus simples puisque nous ne sommes plus arrêtés par les influences néfastes du courant involutif.

Comprendre toute l’aide que l’on peut apporter à travers ces deux niveaux, nous montrera ce que l’aide est précisément à un troisième niveau ultime qui se déroule quand on accède au centre de son être. L’aide que l’on pouvait donner au premier niveau est une aide qui ne pourra pas aider réellement l’autre, mais qui en réalité, aidera plus celui qui l’a fait si seulement si, il est prêt à comprendre que ce qu’il fait, il le fait sans cesse pour évoluer à mieux se comprendre.

À ce niveau de perception, aider autrui, c’est finalement lui prendre son propre pouvoir, car on l’empêche de trouver ses propres ressources qui restent les seules valides pour pouvoir l’aider réellement. Cette aide que l’on donne est bien souvent, une route sans issu parce que ce que l’on donne n’est que notre perception de la solution à notre propre cheminement.

Notre cheminement en ce courant extérieur est différent de chacun. Chacun perçoit son monde à travers l’illusion dans laquelle il est enfermé. Personne ne pourra aider à sortir autrui de leurs propres illusions, puisque chacun est enfermé dans sa propre illusion.

Par contre, toute l’aide que l’on apporte à l’autre, nous permet finalement de mieux comprendre notre propre illusion, parce que c’est cela même que nous apprenons à voir grâce à toute la réflexion de toutes nos projections. Comprendre ce point est très important et l’on peut aisément entrevoir pourquoi tous se perdent en ce moment même.

Une fois sortie de l’influence de toutes les illusions mentales, l’être perçoit désormais au-delà des apparences, car il comprend tout le jeu de projection qui s’active à chacun de nous. Dans cette optique, il sait, puisque c’est exactement ce qu’il vit, qu’il a simplement à suivre tout ce qui se projette de lui pour mieux comprendre et percevoir ce qu’il a, à découvrir sur soi.

Comme ce phénomène est le même à ces deux niveaux, il peut ainsi aider l’autre, car il n’a plus à rien faire d’autre que de laisser éclore en l’autre, toute la compréhension de ce qu’il projette sur les autres, tout en expliquant simplement que ce sont sans cesse ses propres projections. Il devient alors, un pur miroir où chacun peut y trouver tout ce qu’ils ont à comprendre d’eux-mêmes, jusqu’à même pouvoir aller au-delà de leur propre illusion, puisqu’il en est la preuve vivante.

L’aide ici n’est plus directe ou intrusive, parce qu’elle se fait naturellement et le pouvoir n’est, ni pris ni donner, il est juste là, potentiellement accessible. C’est seulement au troisième niveau, quand l’être atteint finalement le centre de ce qu’il est réellement, qu’il peut apporter une aide tout autre.

Il peut, à ce point de convergence infini, proposé à l’autre de retrouver son propre pouvoir en l’aidant à s’aider lui-même. Ceci est exactement, ce qui se passe en ce moment. Il y a une émergence d’être qui ont atteint la source de ce qu’ils sont, et à travers leur propre infinité, ils sont à même de pouvoir aider les autres à s’aider eux-mêmes. Pour l’exprimer autrement, ils ont la capacité de pouvoir donner des moyens pratiques aux autres pour qu’ils retrouvent toute leur autonomie de conscience et donc de puissance de vie.

Aller à la barre d’outils