Tout est déjà réalisé
Nous avons tout à apprendre ou du moins tout à désapprendre. Tout notre fonctionnement de vie est biaisé et utilisé pour nous conditionner sans cesse. On nous a inculqué le besoin de faire pour agir dans ce monde, et donc pour arriver à nos fins. Mais cette fin ultime nous illusionne à faire et à chercher ce qui ne nous sert pas, mais tout au contraire, qui nous dessert constamment.
Nous croyons que ce que nous faisons maintenant doit être fait pour atteindre un mieux-être ou une meilleure vie après. Nous nous conditionnons ainsi à ne jamais pouvoir recevoir toute la perfection de l’instant présent, car nous créons en nous un besoin, une attente d’un après où tout irait mieux.
Ainsi, nous créons constamment des projets, des désirs qui nous poussent à faire ce que nous faisons, mais qui nous empêchent sans cesse de pouvoir gouter à l’expérience de l’être qui s’ancre exclusivement dans l’instant présent. Comme nous ne sommes jamais dans l’instant présent puisque sans cesse nous nous projetons dans des temps imaginaires, nous passons à côté du plus important. Le plus important est d’être au-delà de tous jugements, de toutes attentes, de tous désirs.
C’est ce fonctionnement qui nous pousse sans cesse à faire des choses dans l’optique ou l’idée qu’après cela, cela nous servira à nous rendre plus heureux. Il n’y a rien de plus faux que de croire cela, puisqu’en fonctionnant ainsi, il est impossible d’être heureux, en paix ou même joyeux, parce que nous sommes sans cesse sous tension, sous pressions de tout ce que nous imaginerions pouvoir faire.
Et pour cela, il n’y a plus rien à faire, mais juste se laisser être pour percevoir tous ses conditionnements présents en nous et qui nous assiègent et nous poussent à faire encore plus. Quand on observe ce qui se passe dans son monde, on se rend compte que tout ce que l’on fait a un but et donc que l’on ne sait plus faire les choses spontanément et donc sans but.
Nous sommes des êtres conditionnés ! Conditionnées par nos idées, par nos croyances, par nos rêves et tout ce qui nous pousse à avancer, mais de cette manière, on ne peut que faire du sur place. Puisque tout ce qui se fait en nous, nous immobilise à ne plus pouvoir expérimenter l’être qui est pourtant toute la base et l’essence de ce que nous sommes.
Ainsi, sans réellement expérimenter l’être, nous expérimentons tout autre chose qui nous en barre l’accès et qui nous coupe du seul moyen que nous aurions pour pouvoir avancer dans sa vie. Nous n’avons pas besoin de faire des choses ou d’accomplir aussi d’autres choses pour vivre, nous avons seulement besoin de comprendre que tout est déjà là, accompli, fait, réalisé et qu’il suffit d’en faire simplement l’expérience pour en comprendre toute sa puissance et en découvrir toute sa révélation.
Tout est déjà réalisé, nous n’avons pas besoin de nous réaliser, car l’idée qui sous-tend notre réalisation induit un temps autre que l’instant présent pour pouvoir ensuite être réalisée. Comme il n’y a pas d’autre temps réel que celui de l’instant présent, croire avoir besoin d’un autre temps pour se réaliser ou s’accomplir soi-même est le stratagème infernal même qui embarque toute la race humaine au besoin de se faire soi-même.
Tout ce besoin de pouvoir se faire soi-même, comme ce besoin de se réaliser, engendre un fonctionnement aberrant dans l’expérience de l’être. Puisqu’il est sans cesse sous tension de tout ce qu’il juge et désire en lui dans l’optique de sa propre réalisation.
Il ne peut réaliser que son fonctionnement le pousse au malheur et au chaos, puisque tout ce qu’il fait le conditionne à vivre une vie de misère et de mal-être. Il doit comprendre qu’il ne peut plus vivre ainsi et donc qu’il ne peut pas se réaliser ou se faire lui-même, puisque ce qui est en lui n’existe pas et donc il ne peut être l’artisan de son bonheur.
Le seul artisan de son bonheur est dans l’être. C’est dans l’expérience de l’être qui n’est plus soumis au joug du mental ou de l’ego que la conscience peut grandir et murir à travers l’instant présent. C’est dans la confrontation avec l’expérience de tous les jours que la conscience se laisse guider par l’expérience de l’être.
Tout est déjà réalisé, mais comme la conscience de l’être a été programmé pour fonctionner à l’envers, il a besoin à travers l’expérience de sa vie, et donc sans vouloir faire quoi que soit, puisqu’il s’ouvre et fait confiance à l’œuvre de la vie pour désapprendre tout ce qu’il apprit afin de pouvoir ensuite apprendre à être à nouveau tout ce qu’il est déjà.
Ici, il n’y a plus la croyance illusoire au besoin de se faire soi-même, mais juste à l’idée que tout se fait réellement, concrètement, totalement, quand nous ne nous mettons plus au milieu. Nous laissons ainsi faire l’œuvre de la vie à travers notre expérience de tous les jours. C’est l’œuvre de la vie, soit l’être total qui nous unit tous, qui agit dans notre réalité éphémère pour nous montrer et nous faire comprendre tout ce que nous avons besoin afin de retrouver notre état d’être originel.
C’est uniquement comme cela que nous traverserons tous les fers de notre enfermement, comme tous les « faire » de nos conditionnements, afin d’atteindre l’expérience de l’être total et infini que nous sommes tous.
« Être ou ne pas être » reste toujours l’ultime question !