Besoin des autres pour pouvoir guérir
Nous commençons notre vie en croyant que nous avons besoin des autres pour guérir. On nous a appris en effet que l’on avait besoin de la médecine, de la science et donc des médicaments, des docteurs pour qu’ils puissent nous guérir de toutes nos problématiques corporelles comme psychologiques. Tout au long de notre vie, dès que nous sommes tombés malades, nous sommes allés voir un médecin qui nous a alors prescrit un tas de médicaments avec des conseils pour les prendre. Ensuite seulement, nous avons pu guérir.
Ainsi, nous avons été conditionnés à croire pouvoir guérir uniquement à travers les docteurs ou représentants médicaux. Nous sommes finalement dépendants d’eux, puisque nous croyons que sans eux nous ne pouvons guérir de nos maux. D’une certaine manière, nous avons fini par croire que tout dépendait exclusivement du monde extérieur, puisque nous ne pouvions guérir qu’à travers ce qui s’y trouvait.
Le monde extérieur a finalement pris toute la place. À travers cette prépondérance, nous avons sans le comprendre vraiment projeté notre pouvoir sur les autres. Ce pouvoir, nous leur avons concédé inconsciemment à travers nos attentes issues de nos croyances. Ainsi, le monde extérieur, à travers tous ceux qui le représentaient et qui étaient les garants de la science, de la médecine, et donc du savoir suprême, pouvaient nous aider, nous comprendre, nous guérir et donc nous sauver.
Nous avons fini par leur céder tout notre pouvoir. Ils sont ainsi devenus des dieux, des êtres supérieurs ayant des pouvoirs et un savoir qui dépassaient notre petite vie. Nous nous croyons alors entre de bonnes mains, car ils peuvent à tout moment nous sauver de tous nos maux.
La science, la médecine sont devenues ainsi, sans que personne en prenne réellement conscience, les nouvelles déités du monde moderne. Ce culte, même s’il était pour la plupart totalement inconscient, restait pourtant le garant du bien-être corporel comme psychologique de la plupart des gens.
L’humain est ainsi encore et toujours un être totalement religieux, même s’il l’ignore. Avant, il avait conscience de sa religion puisqu’elle le mobilisait à travers des rites et des prières à travers chaque moment important de sa vie. Maintenant que la vie a été désacralisée par le plus grand nombre, il n’y a plus de rites de passage, et donc d’événements marquants, initiatiques et donc symboliques qui permettent à l’être humain de grandir en conscience.
Il n’y a qu’un temps, non marquant, non significatif, qui s’étend à l’infini. Dans ce mouvement sans fin, sans repère, l’être, dépendant du monde extérieur, suit et exécute ce que le monde extérieur lui transmet. Il ne réfléchit plus, il n’interprète plus et donc il n’a plus conscience de ce qu’il fait, de ce qu’il vit.
Dans cette inconscience béante, il ne peut que se soumettre au garant du monde extérieur, aux savants et aux intellectuels du système. Ceux qui savent, alors, nous diront quoi faire, quoi penser, quoi croire. Dans ce monde impersonnel, il n’y a plus de place pour l’être ou la conscience, il y a juste de la place pour recevoir l’extérieur qui se déverse sans jamais s’arrêter et agir en conséquence.
Ceci est la base de cette réalité matricielle. Elle est un fait, pire, elle est la structure même de toute la réalité dans laquelle les êtres se perdent sans jamais comprendre ce qui se passe dans leur vie, car ils ne voient que l’extérieur sans cesse.
Pourtant, cette réalité matricielle est issue d’une réalité plus grande et authentique, une réalité primordiale, originelle, essentielle. L’être perdu dans ce monde matriciel tourne en rond autour de lui-même sans pouvoir jamais se retourner et donc se regarder en face puisqu’il est sans cesse orienté à l’extérieur de lui. L’extérieur soutient ainsi son mouvement superficiel dans un plan constamment horizontal, à travers le plan mental dans lequel la matrice agit.
La matrice agit non pas extérieurement, mais intérieurement, parce que tout ce qui est vraiment, c’est-à-dire tout ce qui est agissant, provient toujours du monde de dedans. L’extérieur le piège, puisque tout ce qu’il vit, il croit le vivre dans ce monde extérieur, alors qu’absolument tout est à l’intérieur.
C’est là qu’interviennent des ponts et des passages afin d’acheminer l’être vers la prise de conscience de son monde intérieur. Ces nouvelles routes intellectuelles qui tendent toutes vers l’expérimentation intérieure sont là pour contrebalancer la prépondérance du monde extérieur et donc de la matrice. Des êtres de par le monde grâce à leurs propres expériences, montrent et expliquent ce qu’ils ont vécu. Leurs vécus sont des voies de passage vers le retour à toute notre intériorité.
Ils sont les vecteurs de la transformation de ce monde puisqu’ils ont réussi à dépasser les limites de leur réalité tout extérieure vers une réalité dans laquelle tout part de l’intérieur et plus l’inverse. Quand un être du monde extérieur s’ouvre à ce genre d’idée, il ne comprend pas tout de suite ce qui se passe, cependant, il y a comme une graine qui se dépose en lui et qui un jour pourra l’aider à murir ensemble afin de pouvoir commencer à expérimenter son monde du dedans.
Dans ce monde du dedans, il trouvera tout ce qu’il y a à l’extérieur et même plus. Il apprendra que ce qu’il voit à l’extérieur est déjà à l’intérieur et pire, que l’extérieur ne provient que de l’intérieur. Dans ce retournement de situation, une fulgurance l’emportera et lui montrera ce qu’il est, ce qu’il croit et donc ce qui les sépare l’un et l’autre, et alors, dans sa conscience, il aura maintenant comme un pont pour retrouver ce qu’il est à partir de là où il se croit être.
C’est littéralement cela le plus important à notre point de civilisation, soit prendre conscience que tout ce que l’on vit est issu de croyances et qu’elles sont sans cesse illusoires. Nous empêchant ainsi de pouvoir retrouver ce que l’on est puisqu’on s’illusionne sans cesse. Quand on s’aperçoit que tout ce que l’on vit est irréel, d’un coup s’ouvre un passage et donc une aspiration en direction de notre réalité authentique.
Cette authentique réalité est en nous et non pas à l’extérieur, et donc ce chemin ne peut plus être extérieur à soi, mais seulement dans toute notre intériorité. Dans l’antre de son monde, alors on expérimente son monde intérieur, ses croyances, ses attentes, ses désirs, ses rêves et surtout ses peurs.
La peur est la porte la plus importante à franchir, car elle nous bloque littéralement où nous nous croyons être. C’est le point névralgique d’où tout part et d’où tout se passe sans cesse et pouvoir se focaliser sur ce nœud gordien permettra de déverrouiller beaucoup de temps et d’énergie dans sa vie.
Nous nous croyons être ce moi et ce moi a besoin du monde, des autres pour avancer, comprendre, prendre des décisions et même pour le guérir ou pire pour le sauver. Toutes ses croyances sont toutes des dépendances qui le soumettent aux autres, au monde extérieur et donc au système finalement. Tant qu’il croira cela, il ne pourra pas être, mais il pourra juste croire être ce qu’il est à travers ce qu’il vit.
C’est ici qu’existe et persiste toute l’inversion de son monde qui falsifie incessamment toute sa réalité à travers des perceptions toujours plus illusoires. Percevoir le monde à l’envers et donc entrevoir de sa réalité que le côté extérieur est le symptôme de ce monde inversé.
Il est le signe qui représente la maladie de cette réalité infernale ! Le monde est malade de l’hypertrophie mentale de l’être qui l’induit sans cesse en erreur, car il projette une perception mentale qui interfère avec la réalité avec la superposition d’une autre trame narrative. Cette trame narrative crée alors une interprétation et une compréhension qui n’est plus en accord avec la réalité authentique, mais qui se base sur un stratagème de soumission psychologique à des fins de captation énergétique.
L’être est ainsi soumis intérieurement, psychologiquement, mentalement et tant qu’il perçoit sa réalité uniquement extérieurement, il n’est pas en capacité de prendre conscience de cette interférence en lui et donc de toute la structure de croyances qui opèrent en lui et qui le pousse à croire être ce qu’il est. C’est pour cela que tout est fait pour qu’il reste collé, happé, hypnotisé dans le monde extérieur afin que jamais il puisse aller voir ce qui se passe en lui
Pourtant, s’il arrive à percevoir que quelque chose ne tourne pas rond et là, c’est réellement une prise de conscience de ce qu’il vit sans cesse puisqu’il tourne en rond sans jamais se voir, alors il sera peu à peu, amener à travers son expérience de tous les jours, à détourner un peu son regard vers l’intérieur. Là est la première brèche et la plus importante parce que tout partira de là.
Cette brèche n’est possible qu’expérimentalement ! Elle n’est faisable que quand l’être commence à expérimenter son monde intérieur et donc seulement quand il arrive à sortir un temps de l’influence exclusif du mental.
Cette fissure de l’expérience matricielle est importante à comprendre, car tout est possible seulement s’il y a cette percée, parce que sans cette ouverture, on ne peut finalement pas pouvoir sortir de l’emprisonnement sempiternel de la matrice.
À force de retourner son regard vers son monde intérieur, il découvrira que tout se passe là. Mais intérieurement, il ne verra que ce qui l’empêche de voir vraiment, car il ne pourra percevoir que le mental qui est le voile de séparation d’avec sa réalité authentique. C’est cela qu’il faut bien comprendre, puisque tous nous sommes retenus dans ses voiles tant que nous ne commençons pas l’expérience de notre vie.
Ses voiles sont toutes nos croyances que l’on devra affronter afin de les dépasser, les transcender et donc les intégrer dans ce que nous sommes véritablement. Ses voiles sont toutes issues de notre expérience passée qui ont activé des peurs et des traumatismes. Elles ont ainsi généré tout un panel de croyances qui nous constituent et qui nous sont là pour nous protéger. Toutes ces croyances sont devenues des voiles qui nous empêchent de percevoir réellement ce que l’on vit.
Nous n’avons pas d’autre choix que d’arpenter ce monde illusoire en nous afin de l’intégrer. Ce monde en nous, même s’il n’existe pas, existe pour nous, car nous l’avons validé au fur à mesure de notre vie et c’est pour cela que l’on doit y retourner pour s’apercevoir qu’il n’existe pas vraiment et qu’il nous empêche de percevoir la réalité tel qu’elle est et non plus telle que nous la représentons.
C’est un chemin intérieur où l’on va apprendre à désactiver toutes nos représentations mentales afin de nettoyer notre conscience de tout ce monde illusoire qui nous empêche de faire l’expérience authentique de sa réalité. Plus on désactive nos représentations du monde, des autres et du système et plus on sort de la soumission à autrui. Car on se rend compte que tout le pouvoir qu’avaient les autres sur soi-même ne provenait que de nous qui le projetions sur eux. Ainsi, quand ce pouvoir et cette compréhension se réactivent en soi, il n’y a plus lieu de croire que l’on peut être sauvé ou même guérit par d’autres, puisque tout le pouvoir est en soi. À jamais enfermé dans notre intériorité.
Dire : « Guérissez-moi » n’est plus possible, parce que le seul qui puisse se guérir, c’est Soi. Ainsi, il n’a plus besoin des autres pour guérir, puisqu’il est le seul qui puisse guérir par lui-même. Il n’y a jamais eu d’autres personnes que lui pour se guérir, mais à travers toutes ces croyances, il le croyait fermement.
Pour bien comprendre cela, il est important de montrer les deux processus d’existence qui restent antinomiques dans ce monde. Le « moi » qui est une construction imaginaire, qui se croit divisé entre un intérieur et un extérieur, agissant dans une trame de réalité parasitée mentalement et qui agit exclusivement dans la projection mentale d’un temps et d’un espace qui n’existent pas. Ce « moi » croit avoir besoin de faire des choses ou des actes en vue de se réaliser, et donc de progresser afin d’atteindre un but qui le rendra heureux.
Dans cette course effrénée, la conscience sans cesse happée par des projections mentales l’entraîne dans des hauts et des bas émotionnels qui engendrent une énergie folle qui est cooptée par d’innombrables entités qui se nourrissent de lui. Il est tel un hamster qui tourne indéfiniment la roue de son mental, générant une énergie sans fin, qu’il ne peut hélas jamais utiliser pour lui puisqu’elle s’en échappe tout le temps.
Il tourne ainsi toujours autour de lui sans jamais véritablement se voir, puisque ce qui l’entraine est là pour l’illusionner sans cesse. Tant qu’il ne comprendra pas qu’il tourne en rond pour rien, il continuera indéfiniment. Tout cela est une image pour bien comprendre ce qui se passe.
Ce qui le fait tourner est le mental ! Et tant qu’il pense et donc tant qu’il croit être ou croit vivre, il ne vit pas et donc il n’est pas. C’est la base et pour sortir de ce mouvement mental sans fin, il n’y a pas d’autre possibilité que de mettre en place des actions qui l’obligeront à expérimenter sans le mental afin qu’il se connecte à sa réalité authentique.
Ceci peut être fait par soi-même à travers des médiations, des actions manuelles comme la peinture, la sculpture, le coloriage ou la marche dans la nature, la danse ou tout ce qui se fait sans la tête. Ceci peut être fait par d’autres qui seront habilités à le faire, c’est-à-dire ceux qui sont déjà passés par là et qui ont assez d’expérience pour mettre en place une action qui servira à générer l’expérience authentique au-delà du mental.
C’est là qu’interviendront les nouveaux thérapeutes, car ils donneront la possibilité de pouvoir apprendre à travers l’expérience de soi et non à travers ce qu’ils penseront. C’est un tout nouveau niveau de réalité qui s’entrouvre en ce moment. Du passage du moi au soi, du passage du personnage à l’être et donc du passage de la réalité matricielle à la réalité authentique.
Une fois que l’on sort de l’expérience mentale, on s’ouvre à l’expérience authentique qui deviendra notre guide. Quand on laisse la maitrise du mental à l’expérience, on laisse les rennes de sa vie, du « moi », du personnage ou de l’ego, au « soi », à l’être et donc à l’œuvre même de la vie, tout change puisque tout s’ouvre.
Cette voie essentielle de l’œuvre de la vie est là pour être arpentée, car tel un chemin, on ne peut qu’y avancer, pas après pas. Tant que l’on était dans l’œuvre du mental, de la matrice, on était comme arrêté sur notre chemin de vie, puisqu’on n’avançait plus. On croyait avancer mentalement, mais cela restait un leurre.
Une fois sorti de la tête, on ne peut plus qu’avancer, à notre rythme bien sûr, mais on avance, et donc comme on avance, on agit réellement, et donc on expérimente concrètement, et c’est cela qui génère en nous la connaissance. Car on renait à travers l’expérience et le savoir qui découle et coule à nouveau en nous.
C’est pour cela que l’expérience de la vie est notre guide, parce que c’est à travers la confrontation de tous les jours, dans l’accueil et l’ouverture à tout ce que l’on vit que l’on grandit précisément. Quand il n’y a plus rien en nous qui nous barre le passage à l’expérience de la vie, alors la vie œuvre de concert pour laisser émerger, à travers elle, tout ce qu’elle a à nous transmettre.
Une fois ouvert à l’expérience de la vie et donc à la compréhension essentielle de ce qu’elle est, plus rien n’y personne ne pourra nous aider puisque l’être aura finalement accès à tout en lui-même. Il sera ainsi totalement autonome et donc totalement souverain. Il arpentera la vie en étant un avec lui et un avec tout ce qu’il rencontrera, et alors l’un s’exprimera à travers lui. Il sera toute chose et toute chose sera lui, il n’y aura plus de différence.
Tout ce qu’il apprendra en lui, il l’enseignera aux autres et comme tout ce qu’il fera à l’autre, il le fera à lui. Ainsi, dans cette expérience unitaire, toute expérience sera pour apprendre et pour savoir ensuite. Tous seront un et l’un sera en tous, consciemment ou pas, et c’est là que toute différence d’expérimentation continuera jusqu’au moment où tous seront à nouveau Un en toute conscience.