Du laisser-faire au laisser être

Du laisser-faire au laisser être

L’être humain est pris dans un mécanisme planétaire qui le pousse toujours plus loin, qui le broie sans cesse afin de l’extraire de ce qu’il est. Plus il est extrait et plus il peut être forger dans une nouvelle forme dans le but d’être utilisable par le système.

Laisser faire toute cette forge planétaire amène inexorablement l’être humain à devenir autre, et cet autre est à la mesure de tout ce système d’exploitation. Toute notre vie, on nous a forgé à devenir comme les autres. Toute notre vie, on s’est conformé, dilaté, formaté pour finalement devenir tous pareils.

Nous venons tous de cette forge industrielle, marqué, programmé, informé afin de pouvoir être l’outil du système. Nous finissons par devenir des rouages de cette mécanique extrême et nous ne le savons pas, nous ne le comprenons pas et donc nous ne pouvons même pas le découvrir. Tout est caché, rien n’est montré et ainsi l’être ne peut accéder à une compréhension réelle de ce qui se passe dans ce monde puisqu’il en ignore tout.

Nous sommes pris par le flux du monde, et nous devenons même ce flux, puisqu’il vit à travers nous, il s’exprime à travers nous, il se pense à travers nous. Il nous dirige à travers toutes nos réactions, il nous pousse à désirer ce qu’il désire, à voir ce qu’il voit, à comprendre ce qu’il comprend.

Ainsi, il arrive peu à peu à nous déposséder de tout ce que nous sommes, puisque nous ne faisons plus rien de nous-mêmes, mais toujours à travers lui. Nous faisons finalement ce que le flux nous dicte. Nous devenons la volonté du système, puisque le flux du système coule en nous sans interférence. Nous sommes devenus le système, et cela est tout l’esclavage moderne.

Dans ce système, il n’y a plus de place pour soi parce que ce soi ne doit plus exister et alors seulement il peut laisser sa place pour autre chose. Ainsi, il peut être remplacé par le personnage qui est façonné par le système, forgé dans le cratère brulant de toute la souffrance insidieuse. Plus la souffrance persiste et plus le personnage existe, puisque seule la réalité du personnage prend enfin toute la place. C’est grâce à toute l’attention que l’on porte à cette fiction, que cette fiction devient réel ! A cause de cette captation incessante, cet être fictif devient exclusif et permet alors d’alimenter toute son existence puisque finalement, il n’y a plus que lui dans son expérience.

Le système a réussi à imposer le laisser faire parce que c’est à travers ce laisser aller que le système nous pousse à aller dans sa seule direction. Dans cette direction, dans ce mouvement et donc dans ce fonctionnement, il n’y a plus de place pour juste laisser être, puisque l’être n’a plus de place et donc il n’a plus d’existence, car il n’a plus ni sa présence et donc encore moins toute sa conscience.

Voyez-vous ces deux extrémités, elles sont sans cesse en nous, mais tant que l’on n’en prend pas conscience, seul le personnage existe, puisque c’est seulement dans sa réalité, dans la perception de sa réalité, que l’être œuvre, existe et donc persiste. Ceci est la base de l’expression de l’être parce qu’il se situe toujours dans le prisme de ce qu’il expérimente.

C’est pour cela que dans notre réalité existentielle, seul le non-être persiste et englobe l’expérience quotidienne de l’être humain. Alors, dans sa non-vie, il vit à hauteur et à mesure du système. Ainsi, le faire de ce monde nous marque de manière indélébile afin de nous forger à la forme de ce qu’il souhaite accomplir à travers nous tous, tout en nous détournant de tout ce que nous sommes vraiment.

Laisser faire toute cette forge planétaire amène inexorablement l’être humain à devenir autre, et cet autre est à la mesure de tout ce système en perdition. L’être finalement, est mis de côté, oublié, car il ne peut pas être utile à tout cet esclavage planétaire.

Pourtant l’être reste le chemin, même oublié, même dénigré, même moqué. L’être est la seule voie de sortie possible pour tous ceux qui sont empêtrés dans toute cette réalité dystopique. L’être est la clé que l’on doit réapprendre à utiliser afin de pouvoir ouvrir toutes les portes que le laisser faire à créer en nous.

Mais pour passer du laisser-faire au laisser-être, il y a tout un mode de fonctionnement à comprendre pour ne plus tomber dans son piège abyssal. Nous devons comprendre comment le non-être, à travers tout ce que nous faisons, nous bloque la réouverture de la réalité de l’être.

Nous avons besoin de percevoir ces deux réalités qui nous constituent et qui s’entrechoquent. Tant que le non-être perdura en nous, nous resterons pris au piège de tout ce que nous faisons, car tout se faire alimente encore et encore tous les barreaux de la prison que nous construisons constamment et inconsciemment.

Tout ce que nous faisons nous entraine à exister dans un courant de non-être, de non-vie, qui est contre-nature et donc finalement contre nous-mêmes. Nous sommes devenus tout ce qui nous empêche de pouvoir vivre une vie épanouie, harmonieuse, naturelle, fabuleuse, émerveillante. C’est ce que nous sommes devenus qui est le problème et comprendre pourquoi nous sommes ainsi, nous donnera l’opportunité de nous déprogrammer de la grotte incessante qui nous entraine et nous programme par toutes nos souffrances.

Ces souffrances n’existent pas pour l’être que nous sommes, elles ont finalement une seule réalité dans laquelle elles œuvrent, soit dans la réalité du personnage. Le personnage est finalement la forge de notre programmation, car sans lui, la souffrance n’est plus, le chaos n’est plus, l’illusion disparait et donc le non-être n’a plus de place pour s’exprimer.

Alors la réalité de l’être reprend toute sa place légitime et cela permet d’améliorer peu à peu l’existence à travers le courant qui redevient de plus en plus naturel. La vie reprend sa place car l’être reprend son trône, alors toute l’expérience devient harmonieuse, naturelle, fabuleuse. Tout cela permet une vie des plus épanouies et on accède naturellement à l’émerveillement incessant du vivant qui nous montre et nous enseigne son éclosion constante.

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