Être sous assistance informationnelle
Il y a toujours d’autres chemins que celui qui se présente sans cesse pour celui qui cherche réellement à comprendre ce qui se passe dans sa vie. Il y a toujours un autre chemin, mais tu ne le vois pas encore, car tu ne sais pas qu’il existe. Par défaut, tu ne peux en suivre qu’un, celui que te montre le monde. C’est le seul chemin qui te soit d’abord accessible puisque c’est cette voie qui t’aspire complètement.
Au début de notre vie, nous ne comprenons que partiellement les choses, puisque nous vivons comme entourés d’un épais brouillard nous empêchant de voir là où l’on va et donc là où l’on est. Ne sachant voir réellement ce qui est là, on imagine, on croit percevoir et même comprendre parfois, mais seulement cela reste un leurre puisqu’on ignore tout de ce que l’on vit vraiment.
Finalement, à force de tâtonner, de s’entrechoquer avec autrui, et de chercher à notre niveau, les choses se mettent pourtant un jour en place quand nous sommes finalement prêts. Mûr de pouvoir commencer à voir par soi-même nous pouvons enfin arpenter notre voie et tant que cela n’est pas possible, nous ne verrons que du brouillard. Puisqu’il est là, en effet, pour nous empêcher de voir tout ce qui se passe réellement.
Quand le fruit est mûr et prêt à se désolidariser de l’arbre qui le nourrit et le retient depuis le début de sa vie, normalement, le fruit tombe afin de commencer à vivre sa propre vie. L’arbre ici, c’est le monde, et nous sommes finalement en cette réalité, tous ses fruits. Mais comme le monde ne fait jamais rien comme il le devrait, tout est fait pour que jamais, on puisse couper nos liens. Sans cette coupure, il nous est alors impossible de pouvoir s’ouvrir à une nouvelle vie et donc à une nouvelle vision de notre propre monde.
Nous sommes toute notre vie enchainait dans la vision du monde, et par ce lien, il nous dévitalise sans cesse de toute notre énergie. Le monde est en réalité ce brouillard dans lequel, nous sommes tous pris au piège. Dans ce brouillard, tout nous assiège, mais comme nous ne pouvons voir réellement ce qui se passe, nous nous laissons faire, ne pouvant rien faire d’autre que ce que l’on fait en général.
Ce brouillard est notre chemin habituel, allant toujours aux mêmes endroits, faisant toujours les mêmes choses, pensant toujours pareil et alimentant sans cesse les mêmes systèmes de croyances. Ce brouillard est en réalité, notre absence de vision réelle et il nous oblige inexorablement à être aveugle à notre vie. Cet aveuglement nous empêche de prendre conscience que nous sommes enfermés dans une boucle où rien ne se passe véritablement.
Tant que l’on ne se sait pas aveugle, on croit alors avancer sur un chemin qui n’existe pas vraiment, puisque tout ce que l’on fait, nous emprisonne dans un schéma de pensées toujours plus cloisonnant. Imaginant sans cesse que tout ce que l’on fait est bon pour soi comme pour les autres.
Notre aveuglement est total dans notre réalité, mais seule la prise de conscience de cet aveuglement permettra de s’ouvrir à un autre chemin. Ce brouillard qui nous aveugle est tout autant à l’extérieur qu’à l’intérieur aussi et c’est là que l’on doit pouvoir l’entrevoir pour découvrir comment il fonctionne.
Nous ne nous rendons pas compte de l’importance de pouvoir clarifier ce qui nous arrive afin de pouvoir enfin comprendre, là où l’on va et aussi et surtout, là où on pourrait aller. Tant que cela n’est pas clair en nous, nous ne pouvons alors accéder à une vision réelle de ce qui se passe en nous et c’est cela qui nous immobilise sans cesse puisque nous ne sommes plus en capacité d’avancer.
Comme tout part de notre propre compréhension et donc de notre vision du monde, tout est fait pour nous empêcher de trouver cette clarté en nous. Seule l’opacité est expérimentée afin de ne jamais pouvoir comprendre ce qui se passe en nous et donc aussi dans notre réalité extérieure.
Mais alors, pourquoi restons-nous dans toute cette opacité et donc dans tout ce brouillard ? Pourquoi nous n’avons pas conscience de ce brouillard qui nous aveugle dans tout ce que nous vivons ? Comment peut-on être aveugle à ce qui se passe réellement ?
Toute notre vie, on nous a habitué à croire à travers la perception d’autrui et donc par le prisme de leurs compréhensions réciproques. On ne nous a jamais appris à réfléchir et donc à comprendre par soi-même, mais seulement à croire tout ce que les autres nous transmettaient. Ce processus de compréhension en nous a comme été désactivé faute d’avoir pu souvent l’utiliser.
Ainsi, on a pris l’habitude de suivre toutes les informations extérieures comme seule base de notre réalité. Et pour cela, l’interprétation de notre réalité ne provient jamais de nous, mais seulement de ce que l’on reçoit extérieurement. Nous sommes ainsi, sans le savoir, soumis à l’interprétation et donc au récit du monde.
Personne ne nous apprit à réfléchir par soi-même et donc à remettre en question ce que le monde nous transmet. Sans l’accès à une compréhension individuelle et donc à la possibilité de pouvoir critiquer tout ce que l’on reçoit du monde, on ne peut que suivre la narration du monde.
Il y a toujours un autre chemin à celui qui cherche réellement à comprendre, car à partir du moment où il va essayer de chercher à comprendre, il va se rendre compte qu’il ne peut pas, qu’il y a comme quelque chose qui le bloque.
Ce qui bloque, c’est qu’il ne sait plus comment comprendre par soi-même. C’est cela le brouillard de sa vie ! Il ne sait plus fonctionner naturellement puisqu’il a été programmé à fonctionner artificiellement, à travers les références et le prisme d’autres que lui-même.
Tout a été fait à l’école pour qu’il apprenne seulement par cœur les choses. Tout a été fait pour qu’il reçoive sans cesse l’information extérieure, à travers tous les écrans de sa vie. Qu’il s’en abreuve et qu’il ne puisse, en définitive, ne fonctionner qu’à travers cette manière unilatérale.
Dans cette inactivité outrancière, l’être désinhibé de sa propre compréhension, ne comprend plus qu’à travers ce qu’il reçoit. Il devient ainsi un être sous assistance informationnelle, sous dépendance du récit consensuel et il ne peut vivre que sous influence totale. Ceci est tellement important à comprendre quand on voit le monde entier abruti par tous leurs écrans de contrôle.
L’être civilisé est devenu un être si assisté, qu’il ne sait plus rien faire de lui-même, puisqu’il a besoin sans cesse du monde, des autres pour exister. Seul son rapport à la technologie lui permet d’exister dans cette réalité toute artificielle. Tout arrive à lui, mais finalement, qu’est-ce qui part encore de lui, si ce n’est pour ses besoins les plus primaires.
Tout ce qu’il voit, tout ce qu’il entend n’est là que pour alimenter en lui, un fonctionnement totalement artificiel et donc totalement manipulable. Comme rien n’est vrai dans tout ce qu’il reçoit, il est sans cesse berné par de multiples couches illusoires qui sont là seulement pour le perdre.
Il ne sait plus que consommer, et donc utiliser tout ce qu’on lui donne pour qu’il en fasse toujours moins. Moins il fait par soi-même et plus, il se laisse faire, et c’est là dans ce processus d’infantilisation que l’être se perd à jamais, car il ne peut plus rien faire par lui-même puisque tout est fait pas d’autres et désactive alors, sans cesse en lui, tout ce qu’il aurait pu faire lui-même.
Il ne le sait même pas puisqu’il a fini par vivre dans un mode totalement automatique qui permet d’être toujours plus inconscient dans tout ce qu’il fait. Comme il ne se rend pas compte de ce qu’il fait, il est voué à se perdre et à ne jamais être capable d’en prendre conscience.
Il ne peut plus prendre conscience puisqu’il a laissé tout son pouvoir de réflexion, toute sa volonté de choix au monde, aux autres. Il ne se rend pas compte qu’il ne réfléchit pas, puisque toutes ses pensées sont exclusivement utilisées pour attiser sans cesse ses appétits les plus terre à terre.
Il n’a pas d’autre choix que d’adhérer à ce qu’il reçoit, inconscient de tout ce qui lui arrive puisqu’il est branché unilatéralement au récit du monde. Il ne peut que croire ce qu’il voit, puisque ce qu’il voit est sans cesse ce qu’il croit, et là, la boucle infinie est active, et lui, il tourne sans cesse, et c’est cela qui génère indéfiniment tout ce brouillard dans sa vie. C’est son propre mouvement inutile, sa propre dynamique futile qui l’envoient toujours plus hors de lui-même.
Il ne se rend pas compte, qu’il est enfermé dans un courant d’images, d’histoires qui irriguent tout son être, et donc qui alimentent en lui, toute une partie fictive. Cette partie illusoire est la seule réalité dont il a accès et il se projette indéfiniment à travers tout le prisme de ce qu’il croit.
Ainsi, il existe dans ce monde en n’y comprenant jamais rien, mais comme il ne cherche pas à comprendre ni à prendre conscience de ce qui se passe, il se laisse aller dans le flux de tout ce qu’il reçoit, croyant que sa vie ne peut être autrement. Pris au piège de son mouvement incessant, il se laisse errer, divaguer.
C’est à ce niveau de perception que peut apparaitre, un autre chemin dans sa vie derrière tout le brouillard qu’il génère. Quand l’être n’en peut plus d’exister dans ce courant illusoire où tout ce qu’il voit est un brouillard incessant qui l’empêche de percevoir ce qui se passe, il s’arrête, obliger de faire le point.
C’est en faisant le point, qu’il peut recommencer à fonctionner différemment. Et donc, à s’ouvrir à un courant de questionnements intérieur qui génèrera, alors, le processus de compréhension en lui. C’est seulement ce processus qui permet de s’ouvrir à de nouvelles perceptions, et donc à de nouvelles visions qui génèreront obligatoirement l’apparition de nouveaux chemins dans sa vie.
Cette nouvelle voie est sans cesse d’abord en soi, car c’est là que le brouillard opère ! C’est à travers la compréhension du brouillard et donc de tout ce qui est opaque en soi que l’on peut éclaircir cette voie qui a toujours été là, mais cachée derrière tout ce que l’on faisait inconsciemment.
Cette voie est la voie de notre propre prise de conscience sur tout ce que l’on fait automatiquement tous les jours afin de comprendre pourquoi on le fait et si c’est finalement utile de continuer de le faire ou pas. Plus on prend conscience de tout ce que l’on fait et plus, on se rend compte que toute notre vie est vécue dans une inconscience totale, qui nous induit à faire constamment des choses totalement inutiles, voire même nuisibles.
À travers cette ouverture de conscience, on commence à percevoir ce brouillard en soi et donc de manière réciproque, on le voit aussi dans le monde qui abreuvent constamment les êtres de choses inutiles et qui les piègent à faire des choses tout autant inutiles aussi. C’est cette faculté qu’il y a en soi de comprendre ce qui se passe en soi et donc dans le monde qui peut nous permettre de retrouver notre voie essentielle.
En réalité, il y a toujours eu d’autres chemins, mais ils étaient cachés par le brouillard incessant de notre vie de tous les jours. Quand on affronte ce brouillard, on commence à percevoir qu’il n’existe pas réellement, mais seulement à travers notre adhésion. Si nous n’adhérons plus à ce brouillard, on peut facilement le traverser et découvrir, enfin, tous les autres chemins qui existent.
Alors, là-devant tous ces chemins, on apprendra à nouveau à avancer, à vivre, à découvrir ce qui est authentique et réel. Ces chemins sont les voies de retour vers toute notre intégrité et donc ils seront là pour nous permettre d’expérimenter la vie à hauteur de toute notre infinité. Puisque nous retournerons tous obligatoirement de là d’où nous provenons tous. C’est cela le cercle de la vie !