La sensation est la porte vers d’autres réalités
Nous avons besoin de trouver des pratiques qui nous permettent de sortir de cette manière de vivre toute éphémère qui nous enferme sans cesse. Comme nous ne connaissons rien d’autres que cette manière de vivre, toute superficielle, nous pourrions nous aider de pratiques particulières pour nous aider à nous recâbler sur le flux essentiel de notre vie.
En cette époque conflictuelle, nous ne savons que vivre dans la projection mentale. Cette diffraction de notre être réel nous enclave dans l’illusion et nous entrave hélas à pouvoir revivre réellement. Nous ne savons plus vivre à travers le flux authentique de l’instant présent et pour cela, cette idée est même devenue pour beaucoup comme un eldorado à atteindre.
Pourtant, on ne peut pas l’atteindre à travers notre manière d’être, car vouloir tendre vers cet instant fugace nous en éloigne sans cesse. C’est tout le paradoxe qui nous enferme dedans puisqu’à vouloir atteindre certaines choses, on ne peut finalement soit les vivre ou soit imaginer les vivre. On ne peut pas faire les deux en même temps, parce que cela restera à jamais antinomique.
Nous ne savons plus : juste être, juste expérimenter le monde. Être est devenue conceptuellement improbable, car nous n’avons plus les repères naturels et donc utilisables pour nous permettre de pouvoir de nouveau l’expérimenter. Nous expérimentons tout son contraire qui nous en éloigne sans cesse. Nous sommes ainsi perdus dans le monde du « faire » et du paraitre qui nous isole du monde réel de l’être et de l’expérience directe.
Isolés dans l’espace de notre tête, nous sommes comme désharmonisés du flux de la vie. Pourtant, nous croyons être en harmonie avec cette vie même. Toutes ces croyances sont justement ce qui nous désinhibent sans cesse de la vie, car à force de le croire à travers tout le flux de nos pensées, nous créons l’espace théâtral de ce qui n’existera jamais, si ce n’est quand même de pouvoir sans cesse nous y prendre au jeu.
Nous sommes ainsi devenus, peu à peu, insensibles à notre propre réalité. Ceci est le mouvement extrême de tout notre enfermement journalier. L’idée ici, à travers la pratique, est de pouvoir retrouver notre sensibilité qui nous aidera à nous brancher au flux de l’instant présent, qui est la porte secrète de la véritable vie, voie de redécouverte de ce que nous sommes authentiquement.
La pratique est essentielle, car c’est à travers l’expérience que l’on apprend et comprend comment être à nouveau. Tant qu’on ne se lance pas dans l’expérience, on reste enfermé dans toute l’étroitesse de ce que l’on croit vivre. L’expérience est là pour détruire les murs mentaux qui nous enferment toujours plus.
Le mental réfléchit, pense, croît, mais il ne peut pas faire pourtant toute l’expérience et c’est cela qui fait toute la différence. Seuls, ce que nous sommes réellement derrière toutes les couches mentales pouvons faire l’expérience. Jamais, le mental, ni l’ego, ni même le personnage, non, seul ce qui n’a pas de forme, derrière toutes les formes peut expérimenter toute chose, toute vie.
À partir de ce sans forme, on peut recevoir toutes les formes, à partir du vide, on peut se remplir de tout, à partir du silence, on peut tout entendre. Là, dans le sans-forme, dans le vide, dans le silence, est se que nous sommes réellement ! Là, dans ce rien est possible toutes les expériences et c’est à travers son absence même que toute notre présence est possible.
C’est cette ouverture et donc grâce à ce point infini en nous que le monde devient monde, que notre réalité se forme. Peu importent toutes les formes qui viennent ensuite nous habiller, cela ne reste que des couches qui existent pour pouvoir faire l’expérience de la vie. Ces couches, ces habits ne sont jamais ce que nous sommes, ils sont seulement la mise en forme adéquate pour que nous puissions y faire toutes nos expériences en elle.
Donc ces formes-là sont utiles pour notre expérience, mais le problème, en cette réalité complètement inversée, est qu’il fut ajouté d’autres formes totalement inutiles, si ce n’est pour nous asservir à travers toute une structure de croyance paradoxale qui nous enferme sans cesse dans des conflits auto-générés.
Seule l’expérience réelle de ce que nous vivons au-delà de toutes nos croyances pourra nous aider à sortir premièrement des méandres labyrinthiques dans lesquels nous sommes enfermés et ensuite, seulement après, on pourra enfin redécouvrir tout ce que nous sommes au-delà de toutes les apparences trompeuses dans lesquels on vivait.
Comment s’ouvrir à une expérience réelle de notre vie quand tout ce que l’on fait sans cesse nous en éloigne ? Cette question est essentielle et elle devrait être écrite de partout dans notre vie, pour nous aider à nous confronter à tout ce qui nous enferme, tout en nous orientant vers sa solution.
Apprendre à ne plus faire comme on fait d’habitude afin de prendre conscience que cette habitude est le sillon qui nous enferme. L’habitude est le terreau de l’inconscience ! Nous avons besoin de toute notre conscience pour être à nouveau, un être vivant et plus un être seulement pensant.
Les pensées sont devenues les chaines de votre propre enfermement. Là, dans la geôle de votre chant mental, vous êtes perdu à travers un flux sans cesse de pensées qui alimentent ce théâtre dans lequel vous vous projetez sans discontinu, tout en vous détournant ainsi de l’expérience réelle de votre vie.
Seule l’expérience authentique peut vous décrocher de l’absolue focalisation de votre mental. Vous êtes tellement absorbé à l’intérieur de tout ce que vous imaginez, que vous avez perdu le fil de votre vie. Vous ne vivez pas, vous ne faites que végéter, alimenté par une réalité fictive pour créer en vous une projection identique et irréelle de ce monde infernal.
Pris dans les mailles de toutes ces illusions qui vous gouvernent, vous n’avez pas d’autre choix que de commencer à mettre en place des exercices pour vous aider à sortir de ces griffes illusoires qui vous enserrent et vous tiennent totalement prisonnier. Il est important de comprendre que l’état d’être chaotique que génère cette illusion perpétuelle nous est complétement nuisible et donc mortelle.
La direction de ce flux illusoire est toxique à l’extrême pour tout être vivant. Puisque c’est grâce à sa toxicité même qu’il façonne les réalités infernales dans lesquelles les êtres sont enfermés et colonisés. L’enfer est sur terre, car l’illusoire est devenu la réalité qui enferme chaque être qui y vit. Ne pouvant plus faire la différence entre ce qui est réel et ce qui est illusoire, l’être est comme fini, puisque inachevé, en étant toujours plus exploité et violenté par tout ce qui le dépasse extérieurement comme intérieurement.
Face à tout ce chaos qu’il vit sans cesse, il doit apprendre l’équilibre pour atteindre une certaine stabilité. Comme il est en guerre perpétuelle contre les autres comme contre soi-même, la paix deviendra son pôle, sa direction. Il va apprendre à tendre vers un état d’être qui pourra à terme l’aider au-delà de tout ce qu’il imagine.
Toutes ces idées sont porteuses d’un sens qui permet à celui qui s’y ouvre de pouvoir réutiliser le sens de sa vie, vers là où il veut aller et donc sortir du flux hypnotisant du monde et du système. Mais ce n’est pas le plus important, car ce qui importe de comprendre encore plus, c’est de commencer à agir dans sa vie, à travers certains exercices à mettre en place chaque jour, pour s’ancrer peu à peu dans un certain état d’être qui permettra de faire basculer ce mouvement même de vie.
Les idées aident, au départ, à comprendre, mais elles restent mentales, par contre c’est l’expérience qui nous aide à sortir des griffes du champ mental et de nous ouvrir à un état d’être bien autre. Dans cet état d’être bien particulier, tout se remet naturellement en ordre et donc à fonctionner tout seul. Laissant l’osmose d’avec toute chose, reprendre le courant de la vie infinie pour nous aider à nouveau à pouvoir comprendre au-delà des maux.
Le chemin de la sensation est une pratique que j’utilise pour moi ou pour aider certaines personnes. Il n’y a rien d’extraordinaire dans cette pratique, mais quand on en comprend l’essence même de tout ce qu’elle réalise à travers sa pratique journalière, on y découvre le Graal dans lequel la vie peut s’y écouler tranquillement.
C’est très simple à mettre en pratique et pourtant cela permet de nous recâbler à une autre réalité qui est essentielle en notre vie superficielle. Plus on la pratique, et plus on se désynchronise de notre existence virtuelle grâce à la mise en place de nouveaux repères. Ces repères sont comme des panneaux de directions qui nous permettent de savoir dans quel état nous sommes et donc dans quelle direction nous allons.
Tout s’expérimentera alors, en rapport avec ce que l’on ressent, puisque toutes nos sensations sont là pour nous apporter bien plus d’informations dont on pouvait imaginer, mais dont on n’avait plus accès, car nous en étions comme désensibilisés. Ce chemin de sensation ne peut s’expérimenter dans le champ mental parce que nous sommes sans cesse happées dans son chant d’interférence.
L’idée est de mettre en place des moyens pour sortir du mental et s’ouvrir alors au chemin de la sensation pour s’ouvrir ainsi aux réalités énergétiques et informationnelles de notre être infini. Ainsi dans n’importe quelle position, à partir du moment où vous êtes à l’aise, sans tension particulière dans votre corps, commencez par prendre conscience de votre respiration.
Simplement respirer. Sentir la respiration à travers son corps et sentir son corps respirer. Juste le fait de focaliser sur sa propre respiration permet de s’ouvrir à un état d’être modifié. Un état dans lequel nous ne sommes pas habituées à vivre puisque nous ne faisons jamais attention à ce que l’on ressent dans notre corps.
Ceci est très important à comprendre, car c’est à travers cette nouvelle orientation que nous pouvons recevoir le flux intemporel de la vie en nous et en toute conscience. C’est dans cette conscience totale et ouverte à tout ce que l’on ressent, que notre être infini va pouvoir éclore dans ce monde fini.
A force de faire cet exercice de focalisation sur la respiration, on ressent tout ce qui se passe dans le corps. Le corps a tellement de choses à nous apprendre à nous qui croyons tout savoir. C’est pourtant dans cette humilité totale d’abandon à la sensation du corps que notre corps va pouvoir s’exprimer.
Cette expression est totalement nouvelle et chacun à sa manière pourra s’y ouvrir pour apprendre à mieux connaitre ce qui se cache en chacun de nous. La sensation est la porte vers d’autres réalités. En effet, au départ, on ressent un peu les choses qui se passent en nous, puis doucement, à force de s’exercer dans cet espace inconnu, on perçoit différent.
Quand je suis dans cet état d’être naturel, soit hors du mental, seulement focalisé sur ce que je ressens en l’instant, tout un chemin de sensation se met en place et dont je suis par le biais de ma focalisation intérieure. Quand je ressens un mal-être ou une tension dans mon corps, j’accueille ce que je ressens, je porte mon attention dessus et je laisse ouvert tout mon être pour recevoir ce qui se cache derrière.
Des sons, des couleurs, des odeurs, des images peuvent apparaitre, mais pas des pensées. Toutes ces nouvelles informations créent des ponts symboliques qui me permettent d’avancer dans une compréhension holistique de tout ce que je suis. Dans ce tout infini qu’est mon corps, les sensations sont des paliers que j’arpente et des portes qui s’ouvrent d’elles-mêmes pour m’initier au langage de la vie.
Tout être peut faire cette expérience. Elle est totalement naturelle et elle apporte la possibilité de pouvoir être à nouveau ce que nous sommes et plus seulement ce que nous croyons. Dans cet état d’ouverture, dans cet instant présent, nous redevenons ce Saint Graal, ce Vase Sacré dans lequel la vie œuvre au-delà de tout ce qui pourrait essayer encore de nous enfermer.
Le chemin de la sensation, à force de pratique, permet de se désancrer de ce monde illusoire et de s’ouvrir à la réalité universelle d’où nous provenons tous. Ici, tout le monde est appelé, il n’y a pas de grands, de meilleurs ou même d’élus, non, il y a de la place pour tout le monde, puisque tous, nous sommes, sans cesse, l’expression de la vie infinie.