Les récits qui élèvent et qui abaissent
La plupart des histoires actuelles, véhiculées par le système, sont des contes utilisés pour nous faire dormir debout. Ces histoires sont là pour assoir une narration de notre réalité. Cette narration nous montre ainsi comment est le monde, ou du moins comment on doit le voir, ce fameux et merveilleux monde.
L’importance des histoires qui nous alimentent est aussi importante que tous les aliments qui nous nourrissent. En effet, les uns alimentent le corps alors que les autres alimentent l’esprit. À travers ce que notre conscience reçoit extérieurement comme intérieurement, elle perçoit le monde à travers le prisme de toutes ses histoires.
Ceci, une fois compris, l’importance de toutes ces histoires qui nous nourrissent peut nous permettre d’entrevoir l’influence qu’elles peuvent avoir sur nous. Elles sont des schèmes, des structures, car elles façonnent et donc programment sans le savoir notre conscience à travers une perception tronquée de notre réalité.
Depuis sa plus tendre enfance, je lis des histoires, des contes à ma fille, le soir avant qu’elle s’envole dans le pays des rêves. Toutes ces histoires ont nourri son imaginaire et lui ont permis de pouvoir se construire elle-même. Elle trouvait ainsi dans chacun de ces contes quelque chose qui résonnait avec ce qu’elle vivait, comme avec toutes les difficultés qu’elle rencontrait. Elle pouvait ainsi puiser dans ces contes, comme un quelque chose qui allait pouvoir l’aider à trouver ses propres réponses.
Ainsi, ces contes l’ont construit et aidé à s’épanouir ! Il existe de nos jours encore la trace de ces vieux contes, de ces vieilles légendes qui ont accompagné, comme ma fille, tant d’enfants.
Le problème actuel est qu’ils sont remplacés par des histoires qui ne sont plus là pour élever les enfants, et donc pour les accompagner à grandir et à devenir toujours plus autonomes. Tout au contraire, toutes ces histoires sont là pour abrutir la masse afin que les êtres ne puissent jamais grandir et rester ainsi constamment des enfants, tout en étant alors dépendant, impuissant, immature.
Ce sont toutes ces histoires-là que les médias abondent et qui sont finalement tous ces contes atrophiés pour apprendre à dormir sans cesse debout. Ces histoires façonnent l’esprit des gens et leurs consciences perçoivent à travers une perception totalement falsifiée du monde et de soi.
La culture, l’art sont devenus le vecteur de cette programmation à outrance. Avant, l’art traditionnel servait à élever l’âme des êtres humains. Tous ces artisans de l’époque œuvraient anonymement pour l’élévation de l’âme humaine. Tout ce qu’ils faisaient était un art de transformation personnel comme collectif. Le seul but était de pouvoir se réaliser à travers leur Art, tout en permettant d’utiliser l’Art comme une aide, un exemple, un symbole et donc une dynamique à l’évolution humaine.
Il suffit de voir ce qu’ils ont fait avec les cathédrales pour comprendre quel niveau ils avaient atteint afin de pouvoir réaliser tous ces prodiges. Ces merveilles étaient là pour relier le haut avec le bas et donc pour lier les parties supérieures de l’être avec les inférieures, celles qui restaient enchainées à ce bas monde.
L’art de nos jours, n’a plus rien de traditionnel, il n’a ainsi plus vocation pour la transformation de soi, mais seulement pour le seul plaisir. Tout le côté initiatique, pratique, spirituel n’existe plus et tout au contraire, l’art est utilisé maintenant pour tout dénaturer et donc pour inverser toutes les valeurs qui étaient inculquées avant.
Dans notre monde, tout est fait pour rendre les gens suffisants, afin qu’ils se suffisent à eux-mêmes et qu’ils ne cherchent plus rien d’autre que leur propre plaisir. Et surtout, qu’ils ne cherchent pas à se changer ou même pire, à évoluer. Toutes les histoires de ce monde, comme toute sa culture et ses arts, ne servent que cela, d’alimentation constante à leurs auto-suffisances.
Cette alimentation pourtant est l’opium du peuple, car il est ainsi impossible de pouvoir sortir de ce système cloitré, qui alimente sans cesse toute leur suffisance débordante. L’être de notre temps, tout en lui, déborde et toutefois, ça ne le dérange plus, dépendant de tout ce qui le remplit, il se sait et se comprend que comme rempli, rompu, pesant.
Il n’y a plus de place pour l’élévation de soi ! Plus de place pour la magie du vivant ! Plus de place pour une réelle révélation de soi ! L’être est rempli sans cesse de tout ce qui le dénature, de tout ce qui le déstructure, comme de tout ce qui l’immobilise.
L’immobilité occulte de l’être l’ancre dans une réalité qui le dépasse et qui le nourrit. Il ne se sait plus être, mais se croit seulement autre, dépasser, déphaser, désharmoniser, bancal… Et c’est à cause de tout ce qui le nourrit extérieurement comme intérieurement, qu’il devient ce qu’il voit, et donc qu’il suit tout ce qu’on lui montre, puisqu’il le croit.
Toutes ces histoires alimentent en lui une personnalité fictive, qui reste de la même trame illusoire que toutes les histoires qui se déversent en lui. Tout est faux et tous ces faux alimentent toute la fausseté de sa personnalité qui peut alors concrètement œuvrer dans tout ce monde falsifié. Comme toute la fausseté est partagée et acceptée, la fausseté règne en maitre dans ce monde.
C’est pour cela que les puissants et les grands de ce monde, sont tous ceux qui utilisent à merveille toute cette fausseté sans pareil, puisqu’elle reste l’outil préféré de tout ce monde infernal. Mais ces histoires, toutes aussi folles les unes que les autres, n’agissent que dans ce monde falsifié et donc inversé.
Quand on commence à s’ouvrir à de véritables histoires, comme aux contes de l’ancien temps, ou aussi à tous les mythes et légendes de l’ancien temps, ou aussi aux œuvres issues de la lumière authentique, elles activent en nous ce qu’il y a de meilleur. Puisqu’elles alimentent en nous le vrai, l’authentique, le précieux, le réel.
Précieux, car elle nous rapproche de ces parties de soi qui sont à un autre niveau et qui sont tel un soleil pour nous éclairer dans ce monde ténébreux. C’est ce genre d’histoires que l’on doit chercher afin de s’alimenter de ce qu’il y a de mieux en notre monde parce qu’à force de recevoir cette véritable lumière dans leurs mots, par correspondance, elle titille et alimente notre propre lumière.
Alors la lumière s’élève en nous, tout en nous élevant avec, et l’on suit sa course merveilleuse qui nous éclaire tout ce monde. C’est à partir de là, à cette hauteur lumineuse, que s’effectue la révélation de Soi, puisque sa propre lumière permet d’éclairer et de voir tout ce qui est comme tout ce qui n’est pas. Alors là, tu vois réellement la différenciation de toutes ces réalités, de la plus falsifiée à la plus authentique.
Ceci était appelé l’échelle des sages qui permettait ainsi de monter de niveau au fur et à mesure afin d’atteindre la seule et réelle lumière qui est tout en haut. Ceux qui arrivaient à ce niveau pouvaient aider les autres à entrevoir ce qu’ils ne pouvaient encore percevoir sur les niveaux suivants dans le but de les aider dans leur ascension intérieure.