Marcher dans le silence des êtres
Tout ce que j’ai donné à l’autre, je me le suis donné à moi, même si c’était fait inconsciemment ! Par contre, si on arrive à le faire consciemment, alors notre prise de conscience sur toutes nos actions, toutes nos paroles, comme toutes nos pensées, nous permettent alors de nous recadrer et donc de nous réorienter dans un flux d’authenticité. C’est exactement ce que l’on a besoin de vivre pour nous aider à sortir de cette réalité falsifiée afin de retrouver la conscience accrue de ce que nous faisons ici-bas.
Comme tout a été fait pour nous perdre… à nous faire croire que nous pouvions, finalement, tout faire et même n’importe quoi, puisque tout n’avait pas d’importance. L’idée insufflée, était de nous limiter à l’extrême, comme nous faire croire que nous étions seulement un corps, et en plus sans âme. Alors, nous pouvions tout faire sans conscience, puisque sans conséquence sur les autres comme sur nous-mêmes.
Comprenez bien que la falsification de notre réalité existe et persiste par ceux qui croient cela, parce qu’en imposant cette fausse vision, ils peuvent faire faire le pire à tous, et c’est précisément ce qu’ils font.
Pourtant, ce qui reste incontestablement réel est la conscience de l’être qui en fait l’expérience. L’être peut faire toute expérience ! À travers son expérience, il peut ne rien comprendre et c’est cela qui est fait dans cette réalité, afin qu’il n’y ait jamais de prise de conscience possible. Ainsi, l’être, inconscient de tout ce qu’il est comme de tout ce qu’il fait, est aux prises de ceux qui le manipulent dans une narration inversée et donc insensée du monde.
C’est seulement pour cela, qu’il se laisse prendre au piège dans tout ce système infernal. Car en définitive, il est enfermé dans toute son inconscience, et ignorant tout de ce qui se trame en lui comme dans le monde, il se laisse bercer par la narration illusoire du système extérieur comme de son propre système intérieur.
Ainsi, ce n’est plus lui qui agit, mais toute son inconscience ! À travers son inconscience, le système peut agir et faire ce que bon lui semble, sans qu’il n’y ait jamais de réaction, car comment réagir quand on n’a pas conscience de ce qui se passe dans son monde ?
Dans cette action illusoire, tous les êtres sont comme enfermés dans une vie dénuée de sens, de valeur et donc de goût et de saveur, puisqu’ils restent inconscients de tout ce qu’ils vivent. Ils marchent alors dans le silence de leurs êtres, puisqu’ils n’entendent que le brouhaha vociférant de tout ce qui les illusionne à leur perte.
Voilà où en est ce monde ! Ils sont tous remplis de tout ce qui les perd et ne peuvent plus entendre leur être réel, leur dire simplement qu’ils se perdent à écouter tous ces chants de sirène, toutes ces histoires de malheurs. Ils tournent en rond, à la recherche incessante de choses qui n’existent pas, d’histoires à dormir debout, et donc de narration sans queue ni tête qui les font avancer parce qu’ils les font croire qu’ils existent.
Mais comment peut-on exister quand il n’y a plus personne pour prendre conscience de ce qui se passe ? Ils sont perdus en eux-mêmes comme dans leur monde extérieur, car ils n’ont plus de repères, plus de base pour savoir où aller ni même pour en comprendre le pourquoi. La folie de ce monde ne peut que les rendre identiques, soit de plus en plus fous.
Alors, dans ce flot de folie, quelle place il reste au silence de leur être ? Il n’y a plus de place au silence. Il n’y a plus de place à la conscience même ! Il n’y a que la place de leur absence incessante ! De leur inconscience béante qui les plongent dans un abime sans fond.
Là, face à ce flot d’être inconscient, seul le silence de notre être peut nous aider ! Ici, il n’y a plus lieu de juger quiconque, puisque tous, nous passons par là. Il n’y a qu’une chose à faire à face au brouhaha de ce monde inconsistant, soit être vide, toujours plus vide.
Seul notre vide pourra nous aider face au plein de tous ces êtres qui débordent de toutes parts. Seul le vide de notre être pourra devenir le rempart de tout ce qui remplit le monde à ras bord et qui les coulent toujours plus dans cet océan amer de misère et de mal-être.
Seul le vide et le silence de notre être pourra nous permettre de prendre conscience de ce qu’ils font, mais surtout de ce que nous faisons en réagissant face à toute cette folie. Face à ce monde de fou, seule la sagesse de tout ce qui nous dépasse pourra nous aider. Cette sagesse est en nous et seul le silence pourra la faire éclore à travers l’expérience déstabilisante d’avec autrui.
Tout ce qui nous déstabilisera, nous montrera ainsi nos failles et nos faiblesses et nous pourrons alors remercier tous ces êtres pour nous révéler ce dont nous n’avions pas encore pris conscience. Nous sommes là pour grandir en conscience et utiliser toutes nos expériences, même les plus folles, pour devenir toujours plus conscients de notre tout. Ce tout en nous s’éclaire dans l’affrontement incessant de notre vie de tous les jours.
Ainsi, tout a un sens et ce sens est de comprendre que tout ce que nous vivons nous sert à nous-mêmes comme à autrui. La différence patente d’avec les autres, c’est que nous avons compris que notre expérience est là pour nous affranchir de tout ce qui nous illusionne d’abord et ensuite pour nous enseigner tout ce que nous sommes authentiquement. Ainsi, dans cette compréhension, nous avançons plus vite que les autres, puisque nous comprenons que tout ce que nous vivons est là pour nous initier à la valeur réelle de la vie.
C’est un cheminement de conscience, et donc de compréhension. Plus on comprend, plus on est conscient et plus on grandit et murit à travers chaque expérience extérieure comme intérieure. Ainsi, à ce niveau d’ouverture, on perçoit que seul le silence est la clé pour tout déverrouiller et nous permettre d’avoir assez de place et d’espace pour tout recevoir, tout vivre et donc tout être.