Se déphaser du trop-plein
Nous avons fini par devenir si plein de tout ce qui nous est inutile que nous ne pouvons plus rien faire d’autre que de nous remplir sans cesse de tout ce qui nous est futile. Voilà notre vie quotidienne, du pain et des jeux ! Dans l’arène de ce monde illusoire, où tout est là pour capter toute notre attention, avons-nous le choix de nous remplir sans cesse de tout ce qu’ils nous donnent ?
Le monde, dans son trop-plein, soutient la voie du néant et apporte ainsi sans cesse tout ce chaos. Mais ce chaos s’alimente sans cesse de ce trop-plein, que se passe-t-il quand apparaît du vide ? Eh bien cela bug, cela dérape, car cela s’échappe et se fissure de partout, puis d’un coup, cela illumine tout, comme tout ce chaos si sombre et flamboyant en même temps !
Le trop-plein que l’on vit tous les jours, nous pouvons ne pas nous y soumettre ! Par habitude, on peut croire que l’on n’a pas de choix, cependant, on l’a tout le temps, il suffit d’en prendre seulement conscience. Prendre conscience du trop-plein qui nous plombe et nous limite à vivre une vie dérisoire et futile est si important.
C’est grâce à un peu de vide que l’on s’ouvre à autre chose et que l’on découvre de nouvelles voies. Ces voies ont toujours été là, mais, comme tout était là pour remplir à ras bord notre expérience, nous ne pouvions les voir, car cachées derrière ce trop-plein. Le pouvoir du système est dans ce trop-plein. Enlever ce trop-plein par le vide et le monde change du tout au tout.
Le vide permet de se déphaser de ce trop-plein afin de laisser émerger ensuite de nouvelles compréhensions sur pourquoi ce trop-plein nous conditionne sans cesse. Ainsi le vide, à travers le silence, apporte un sas de décompression au trop-plein du système qui sert d’asservissement à l’être. L’être, rempli à ras bord, ne sait plus utiliser correctement tout ce qu’il reçoit et, par défaut, fait plus confiance à tout ce qui se déverse en lui qu’à ses propres systèmes de fonctionnement.
C’est là que le système désactive complétement l’être humain puisqu’il transfère sur lui tout ce qu’il doit percevoir, comprendre, faire, penser et donc agir. Il ne sait plus être par lui-même, parce que finalement, il devient une interface du système, un prolongement de la matrice.
Voilà, où est actuellement le monde ! Il est devenu l’expression totale du système. Dans ce mouvement totalitaire, très peu ont les capacités pour sortir de ce trop-plein et encore moins pour comprendre finalement comment pouvoir y arriver.
Le vide et le silence, sont les moyens les plus rapides et les plus concrets pour apprendre à fonctionner différemment. Car c’est cela, le plus compliqué, apprendre à fonctionner d’une autre manière que tout ce que l’on a appris. Apprendre à désapprendre, et donc à se déprogrammer de ce trop-plein à outrance.
Seul le vide, peut nous aider à expérimenter un processus autre et assez concret pour affronter toute cette manière de vivre qui nous opprime au plus haut point. Seul le silence a le pouvoir de dépasser toutes les manipulations auditives, visuelles, sensitives comme olfactives, et même vibratoires.
C’est ici, à travers tous nos sens, que tout est fait pour ne voir que ce que l’on doit voir, tout est fait pour entendre ce que l’on doit entendre et ainsi tout est fait pour que l’on pense comme on doit penser. Tout est contre nous en ce monde, car tout est dévié et récupéré pour nous soumettre sans cesse à la même vision, et donc à la même interprétation consensuelle du système.
Hors de ce récit, rien n’existe et pourtant, c’est bien dans ce rien que tout peut être autrement. Mais pour cela, on doit faire un choix, un véritable choix, pas de ceux qu’imposent insidieusement le système. Non, un choix où en nous- même, nous nous imposons, pour sortir des griffes sanglantes de ce même système, d’apprendre à fonctionner différemment.