Sortir de toutes les histoires de la matrice
Nous avons tous en nous des histoires qui nous nourrissent et nous enferment en même temps. Nous n’en avons, hélas, pas du tout conscience au début. Elles sont ainsi, les courants qui nous emprisonnent à tourner sans cesse en rond autour d’un centre que l’on nous détourne constamment.
Toutes ces histoires tournent en boucle dans notre esprit et c’est à travers elles que nous existons dans la trame perceptuelle de ce monde mouvant. Nous ne voyons et percevons qu’à travers la narration de toutes ces histoires personnelles comme collectives, et donc notre existence s’y ancre constamment.
Que se passerait-il si nous n’écoutions plus toutes ces histoires ? Que se passerait-il si nous arrivions au point où elles ne rentreraient plus dans l’espace de notre expérience mentale ? Nous sortirions alors tout naturellement de l’influence et de la soumission de la matrice artificielle. Nous découvririons alors une toute autre histoire ! Celle qui se crée à travers l’expérience de sa propre vie et qui s’écrit au cœur de notre seul et unique être le plus sacré.
Ce n’est pas plus simple que cela, mais pourtant comme nous ne savons vivre qu’à travers toutes ces histoires mentales, nous ne savons pas comment faire pour sortir du sillon de leurs influences sournoises. Elles nous abreuvent et nous alimentent de tout ce que nous croyons, et nos croyances sont alors utilisées pour créer un flux de pensée constant qui nous remplit sans cesse afin de nous mouvoir à travers des courants et des histoires qui n’existent pas.
Ceci est le flux dans lequel, tous, nous sommes embarqués et tant que ce mouvement nous entraine dans son giron, nous sommes happés à percevoir constamment un monde illusoire. Nous y sommes enfermés grâce au paradoxe de toute cette expérience illusoire. En effet, comment vivre une réalité qui n’existe pas sans s’y enfermer en même temps. Tant que nous ne percevons pas l’irréalité de tout ce qui se dit en soi, nous sommes enfermés à travers les barreaux illusoires de structures qui nous contiennent et génèrent constamment nos peurs les plus irrationnelles.
Toutes ces histoires qui nous bercent extérieurement comme intérieurement, sont les voix issues de la matrice artificielle qui nous élance dans un courant qui n’a de cesse de tourner en rond, afin de nous enfermer à jamais dans toute sa circonférence. Toutes ces histoires n’ont qu’un but qui est de nous pousser hors de soi, à faire des choses que nous ne ferions pas si ce n’est par réaction aux peurs qu’elles engendrent.
Sans peur et donc sans histoire, nous redeviendrons inexorablement souverains, et ça, la matrice ne le veut pas et donc elle ne le permettra pas, jamais. C’est pour cela que nous sommes sans cesse entrainés dans un flux qui nous déracine constamment de tout ce que nous sommes, afin de nous ancrer dans une autre perception de soi, qui génère alors une personnalité illusoire.
Ainsi, nous nous croyons exister exclusivement dans la perception mentale de ce personnage. À travers cette perception linéaire de l’histoire de notre vie, nous nous croyons libres de faire ce que bon nous semble. Pourtant, cette notion de liberté dans la réalité de la matrice est une illusion qui sert de fondement à tout l’asservissement du monde entier. Tant que nous nous croyons libres, nous ne sommes en réalité qu’enfermés dans une toile d’information falsifiée qui occupe tout notre temps tout en perdant toute notre énergie.
Notre focalisation incessante de toute cette trame mentale qui nous traverse nous cloue littéralement dans cette réalité dystopique, infernale et inversée puisqu’elle remplit toute notre expérience journalière. Celui qui comprend ce qu’il vit réellement se sait asservi par tout le flux qui le traverse et il n’a de cesse de ne plus se laisser happer par tout ce qui se dit, car il sait que cette voie n’est pas la sienne.
Comme cette voix ne lui appartient pas, il apprend à ne plus l’écouter car il comprend que toutes les histoires qui lui sont contées, sont là pour l’atteindre, le focaliser et donc le clouer à travers toutes les réactions de peurs, de doutes, d’envies et finalement de toutes les émotions possibles pour le faire croire que ce qu’il ressent le fait exister. Non, il n’existe pas, puisque ce qui existe à travers lui, lui fait croire à son existence à travers l’articulation de l’adhésion à l’histoire qui le tourmente sans cesse.
Tant qu’il prend pour acquise cette trame narrative en lui, il sera soumis à ce qui est dit, car ce qui se dit est là pour assoir une version de la réalité, dans laquelle il s’habille d’un personnage qui se croit libre et indépendant dans sa vie. Mais en réalité, il ne fait que suivre le script intérieur qui lui dit quoi penser, quoi croire, quoi dire, quoi faire et donc qui prend toute la place de sa vie.
Tant qu’il agit à travers le personnage et qu’il n’y a pas eu encore de scission intérieure, la conscience restera ancrée dans la trame illusoire du mental, car il ne sait faire qu’un avec sa propre illusion. Comme il ne sait pas encore que la voix en lui le manipule, il se prend pour la voix dans sa tête et se laisse remplir sans cesse de tout ce qu’il comprend et interprète. Il perçoit alors exclusivement à travers tout ce prisme, déformée, inversée puisque falsifiée.
C’est quand il commence à se désidentifier de cette voie perfide et sournoise qu’il apprend, à travers le jeu de toutes les histoires qui le traversent, à ne plus se laisser aller dedans, et donc à essayer de ne plus y réagir. Mieux, il apprend à se defocaliser peu à peu de tout ce flux illusoire qui n’a de cesse de le titiller, de le pousser dans ces retranchements afin qu’il s’élance et se projette encore et encore dans tout ce flux.
Tant qu’il est dans le flux, il est exploitable, manipulable, utilisable et donc il reste un outil du système, et donc de la matrice artificielle. Une fois qu’il apprend à sortir de toutes les histoires de sa tête, il n’est plus atteignable et donc il devient insoumis.
Essayons d’imaginer ce qui arrive sans cesse dans la conscience pour avoir une idée de comment fonctionne l’asservissement du règne humain à travers le flux mental qui le traverse constamment. Nous tous avons grandi à travers une histoire personnelle. Elle le chemin de la construction de notre personnage en cette réalité duelle.
Cette histoire, nous la partageons avec nos proches, notre famille, nos amis, nos voisins et tous ceux qui nous ont rencontrés et connu le long de notre vie. Tous ont une image de nous comme une histoire qui leur permet d’avoir une idée de ce que nous sommes, de ce que nous avons fait, à travers ce qu’on leur a dit ou par le biais de nos propres partages et rencontres.
Nous sommes ainsi tous remplis des représentations mentales de tout ce que nous connaissons vraiment comme de tous ceux que nous avons appris à connaitre à travers d’autres moyens de connaissances. Tout ceci crée un maillage d’histoires et de représentations d’autrui comme du monde en général à l’intérieur de soi.
Nous avons alors en nous une mémoire de toutes ces histoires qui revient quand nous pensons à l’un ou l’autre et qui alimente en nous notre perception de la réalité. Toute cette construction mentale, émotionnelle, psychologique est d’une certaine manière la structure de notre personnalité.
Nous sommes ainsi sans cesse alimenté d’un flux constant qui nous remplit et nous pousse à voir le monde ou les autres exclusivement à travers le maillage de nos représentations mentales. Ainsi, par le biais du prisme de la narration constante qu’il y a en nous, nous existons sans cesse sous son autorité et nous ne faisons qu’agir à travers cette voix et donc réagir constamment aussi à travers elle.
Nous n’existons alors qu’à travers cette voix et hors de cette voix, nous ne savons plus rien faire, puisque nous l’écoutons depuis que nous nous sommes mis à penser dans notre adolescence. Ainsi, notre fonctionnement s’ancre constamment dans le flux de cette voix et nous ne pouvons rien faire d’autre que la suivre, puisque c’est nous, du moins puisque nous nous croyons être cette voix.
Cette voix nous hypnotise à nous montrer un monde qui n’existe pas, mais dont nous croyons qu’il existe, puisqu’elle nous dit qu’il existe. Nous sommes ainsi enfermées dans une réalité de représentation illusoire dans laquelle nous croyons vivre, alors que nous en sommes seulement esclaves.
Nous sommes esclaves de cette voix dans notre tête, esclaves de cette narration qui interprète le monde à notre place et qui nous permet de le décrypter et donc de le comprendre afin de pouvoir croire qu’on arrive ainsi à l’assimiler. Toute la problématique est que cette histoire qui nous est contée n’est pas réelle et donc, puisqu’elle est falsifiée, elle nous cloue littéralement dans une réalité infernale puisqu’elle nous enferme constamment, délibérément, dans toute sa croyance éphémère. Hélas, nous n’assimilons réellement que la falsification de toutes les représentations irréelles qu’elle nous montre.
Ainsi, nous sommes sans cesse alimentées d’histoires illusoires pour nous enfermer à jamais dans leurs trames irréelles et donc paradoxales. C’est cela le flux irréel et inversé de cette réalité, puisqu’il est là pour nous contraindre à suivre son mouvement illusoire sans que l’on puisse en prendre conscience et donc sans possibilité de pouvoir s’en échapper.
Tout le flux qui nous traverse, à travers le prisme de nos croyances, est alimenté par la voix falsifiée de ce faux soi-même. Il est ainsi l’interface de la matrice artificielle, créant des voies issues de nos croyances pour que sans cesse nous soyons happées à l’intérieur à travers toutes nos réactions émotives comme toutes nos projections mentales. Ce processus crée toutes les routes temporelles de cette réalité inversée et tout tourne en boucle sur soi-même afin que jamais nous puissions nous éveiller de ce cauchemar planétaire.
C’est pour cela que l’on doit apprendre à sortir de l’influence de toutes ces histoires, qui sont la trame même des routes temporelles qui s’autoengendrent constamment afin de nous perdre dans leurs flux toujours plus irréels.
Toutes ces routes utilisent la même voie et percevoir que cette voie est sans issue est un premier pas. Toutes les histoires que l’on reçoit ne sont pas de SOI et tant que l’on recevra pour soi les histoires des autres, nous ne pourrons alors exister que dans leurs voies innommables.
Mais il suffit d’une fois, d’une prise de conscience pour enfin les nommer et donc les faire apparaitre pour ceux qu’elles ne sont pas. Ces voies ne sont pas ma VOIX et donc encore moins la VOIE à suivre ! Ceci est le pas à faire et donc le pas à ne plus suivre pour commencer à expérimenter ses propres pas et donc son propre chemin.
Cette route est là pour faire émerger notre propre histoire à travers l’émergence du SOI, dans l’expérience de tous les jours du petit soi. J’expérimente alors, maintenant, mes propres pas, qui seront de toutes manières incertains, bancals, et même maladroits au début, mais ils seront mes propres pas. C’est à travers ces pas qui m’appartiennent de plein droit que j’apprendrai alors à marcher et donc à aller là où je veux aller et plus là où l’on me disait de suivre toute cette voie falsifiée.
Ainsi, toutes ces histoires chercheront encore à m’atteindre, mais au lieu d’y arriver, elles me permettront de me renforcer face au flux illusoire de cette matrice infernale afin de m’ouvrir toujours plus au flux authentique de ma réelle VOIX. Cette voie sera un peu inaudible au début, puisque tellement accoutumé à écouter la voie de cette falsification incessante, mais j’apprendrai peu à peu, à travers mon expérience de tous les jours, à lui laisser de plus en plus de place.
Alors quand je serai vide du flux illusoire de la matrice, quand il n’y aura plus d’histoires qui me traversent et qui m’entrainent, quand il n’y aura plus rien qui me remplit et donc qui me plombe et m’ancre dans cette illusion perpétuelle… alors là, enraciner au flux réel et authentique du vide de tout mon être, je serais enfin souverain, puisque plus aucune route temporelle ne pourra m’atteindre et me contraindre à sortir du véritable flux de qui je suis.
Je suis alors maintenant, au-delà de toutes les voies illusoires puisqu’il n’y a plus rien en moi qui s’y branche et qui s’y accroche. Seule la route authentique de mon être pourra alors éclore au fur et à mesure de mon apprentissage de vie, car j’aurai appris à lui laisser toute la place pour finalement sans cesse émerger dans mon for intérieur.