Tendre vers l’expérience de notre totalité
Nous sommes un tout qui s’ignore et même une partie qui s’est exclue du tout pour expérimenter une existence limitée, duelle, et donc sans cesse paradoxale. Nous sommes ce paradoxe et nous existons grâce à lui, dans tout son déploiement éphémère. Pourtant, nous pouvons le comprendre en le dépassant, c’est-à-dire en s’ouvrant en une plus grande perspective et donc à un plus haut sens.
Le sens est sans cesse équivoque au début. Puisqu’il est le support de notre propre incompréhension, il est, dans ces prémices, tout ce qui nous perd. Tant que nous n’avons pas mis les choses au clair, nous sommes comme voués à tourner en rond, sans voir ni comprendre ce qui est au centre.
Pourtant, ce centre est le point névralgique de tout ce qui se passe dans sa vie, puisque tout jaillit de lui, sans cesse. Au centre de soi est l’expérience de notre totalité. Nous ne pouvons pas passer tout de suite à l’expérience de notre totalité, car elle nous serait complètement déstabilisante, puisque nous ne serions pas armées pour la comprendre et donc pour la vivre.
Ainsi, nous avons besoin seulement de nous tourner vers ce centre, d’en prendre conscience et de laisser faire. Mieux de laisser être et permettre à notre expérience de nous ouvrir la voie vers ce centre et donc vers l’expérience de la réintégration de notre totalité.
Ce chemin nous servira de palier afin de pouvoir s’ouvrir peu à peu à toute la compréhension et l’intégration de ce que nous sommes réellement. Mais ce chemin reste incompréhensible puisqu’il n’est pas une voie connue et donc une voie facile. C’est une voie inconnue qui est là pour nous permettre de découvrir comment y accéder et donc comment l’expérimenter.
Comment nous tourner vers le centre de notre être ? Le centre est en soi, il est ce qui nous permet d’être, il est le vide que l’on peut remplir, il est la place qu’il nous donne et donc il est, tout simplement, notre source. Toute notre existence d’ici-bas nous a remplis tellement à ras bord qu’il n’y a plus de place, plus de vide pour simplement s’y reconnecter.
C’est à nous de fournir un effort pour lui laisser de la place, pour apprendre à gérer le flux en soi afin de s’ouvrir au réel flux de son être, qui est ce centre d’où tout jaillit quand il n’y a plus rien qui interfère. Et ainsi percevoir ce qui interfère, ce qui remplit et donc ce qui bloque l’émergence de ce qui est, est la voie pour commencer à l’expérimenter.
Cela commence, quand on arrive à s’effacer, à se mettre de côté et qu’on laisse ainsi, peu à peu de plus en plus de place, à ce qui nous dépasse. On apprend à observer, sans interférer, sans vouloir, sans désir, juste observer. Plus on observe et plus on remarque que ce qui est là n’existe pas, alors on lui donne plus d’importance, on n’y réagit plus et donc on laisse être ce qui est.
Alors, il n’y a plus de soi qui expérimente, mais seulement le tout qui se reconnait en tout et qui s’intègre à tout et alors tout nous lie à travers l’expérience réelle de la vie. Tout devient ainsi, l’émergence du tout à travers tout et donc tout s’unit pour permettre au tout d’être ce tout même dans dans toutes ses parties. Mais pour cela, on doit s’effacer ou, du moins, enlever ce qui empêche cette expérience merveilleuse.
On doit apprendre à se mettre de côté, pour voir la merveille agir à travers toute chose. C’est aussi simple que cela et pourtant cela va à l’encontre de tout ce que l’on a appris dans notre monde. Et ce n’est pas pour rien que cela est ainsi, car c’était le seul moyen de nous manipuler et de nous illusionner à travers tout ce que l’on a appris. Mais à force d’apprendre, on nous a pris littéralement notre vie.
On nous a pris notre place, notre temps, notre énergie, notre envie, notre émerveillement, et ainsi toute notre innocence. On nous a laissé le pire, le dur, la souffrance, l’incompréhension, mais rien n’est jamais figé, on peut retrouver tout ce que l’on a pris. Il suffit de ne plus agir, réagir comme nous le faisons habituellement afin de vivre autrement, pleinement.
Nous tous avons ce choix, mais nous devons le comprendre déjà pour le prendre ensuite et agir en conséquence. Afin d’apprendre à agir autrement et d’être plus en phase avec la vie. Pour s’ouvrir ainsi à l’expérience du centre, du tout et de l’infini qui nous habite tous.