Au milieu de la splendeur
Au milieu de notre expérience journalière, nous avons sans cesse le choix de nous ouvrir à la réalité essentielle de notre être. Nous ne savons pas que ce choix existe durant toute notre vie d’ici-bas, car nous sommes focalisés sur notre réalité ordinaire et habituelle. Pourtant, derrière cette réalité de tous les jours existe une toute autre réalité, non ordinaire, non habituelle qui nous permettrait si on arrivait à s’y ouvrir, de faire l’expérience de tout ce qui nous dépasse et donc de tout ce qui nous transcende.
À travers cette idée de dépassement de soi et donc de transcendance, l’expérience quotidienne peut devenir le vecteur de notre propre auto-découverte à travers tout ce qui se cache derrière les parois de notre vie ordinaire. Comme tout peut servir notre propre ouverture, on peut utiliser cette réalité terre à terre comme support et moyen pour percevoir derrière toutes nos apparences et apprendre finalement à voir ce qui est là, au milieu de la splendeur.
Ce monde d’apparence et de forme dans lequel nous sommes sans cesse focalisés, nous empêche de voir au-delà et pourtant, c’est tout ce qu’il y a derrière qui pourrait nous aider à comprendre pourquoi nous ne voyons rien d’autre que toutes ces ombres projetées sur le mur de notre existence.
Là, dans cette grotte sempiternelle et existentielle, tout le jeu illusoire se fonde à la ronde seulement sur notre perception du monde. Utilisons ensemble des images de notre monde collectif pour nous permettre de comprendre tout ce qu’il y a derrière. Apprenons ainsi à déposer un temps, ce masque virtuel qui nous illusionne constamment à travers cette réalité éphémère.
Pour cela, je vais vous compter une histoire, ou du moins une expérience de la réalité non ordinaire que j’ai vécue. Mais avant, il est important de comprendre ce qu’est cette réalité ordinaire par rapport à la non-ordinaire. Nous vivons ici, en cette terre ténébreuse, à travers un état de conscience bien particulier.
Cet état de conscience est circonscrit dans les bas-fonds énergétiques de notre réalité fréquentielle. C’est-à-dire que nous avons accès à une bande de fréquence qui est limité à travers toutes les émotions discordantes de mal-être jusqu’à des émotions de bien-être limité. Notre état de conscience varie et vacille entre ces deux bornes existentielles en suivant les hauts et les bas de tout ce que nous ressentons.
Toute la virtualité de notre réalité ordinaire se base au niveau vibratoire de cette bande de fréquence. Au-delà, nous y avons très peu accès même s’il est possible d’en faire l’expérience et c’est ici tout mon propos et donc toute mon orientation.
Voici cette expérience : je suis dans cette grotte existentielle, focalisé par le jeu de tous mes sens, vers toutes ces ombres qui se projettent. Toutes ces ombres sont les images que je perçois, le son que j’entends, l’odeur que je sens et toutes les stimulations sensitives sont branchées sur son flux illusoire. Ainsi, tout ce que je reçois de ce monde extérieur, je le crois réel et donc je me base sur lui pour pouvoir exister dedans.
À côté de moi, dans cette grotte et donc non perçue dans la réalité ordinaire et illusoire dans laquelle je me trouve, je sens une présence. Je l’aperçois dans une forme étrange, sortant tout droit de mon imagination, comme un être qui ressemble à un escargot d’or. Et il commence à me parler de cette manière :
– Ne crains rien, je viens en ami, je te veux que du bien. Qu’est-ce que tu ressens en toi, car ceci est ton guide ultime ?
– Je ressens du bienêtre et de la paix.
– Tu ressens en toi, mon intention, soit t’apporter du bien-être, à travers la paix que tu pourras expérimenter. Autre petite question : veux-tu voir ce qu’il y a derrière ta réalité ordinaire ?
– Oui, je cherche à voir en effet et vivre cette autre réalité.
– Alors écoute-moi bien, je vais t’apprendre comment sortir de ta réalité éphémère. Pour commencer, comprends que ce que tu vis est illusoire. L’illusion de ton monde est gigantesque pour toi comme pour tous les tiens, car tu n’as pas d’autre base de référence pour t’ouvrir à d’autres mondes. Tous ces mondes sont sans cesse accessibles, mais comme tu es focalisé seulement sur cette réalité, tu ne peux percevoir les autres. Comprends-tu cela ?
– Oui, je comprends.
– Quand tu fermes les yeux le soir avant de te coucher et qu’il n’y a plus de bruit, ta réalité ordinaire, peu à peu, s’amenuise, car seules tes pensées l’activent encore un peu, à travers le récit qu’il y a en toi. Ce récit se base uniquement sur ce que tu vis en ce moment et tant que ta conscience suit le cours de ce que tu penses, tu restes encore dans le flux de cette réalité ordinaire. À un moment, tu ne penses plus et là, tu t’endors. À ton avis, que se passe-t-il quand tu t’endors ?
– Je commence à rêver ?
– Oui et non, oui, tu rêves, mais qu’est-ce que le rêve ?
– Une autre réalité ?
– Oui, mais laquelle ?
– Ma véritable réalité ?
– Oui et non, car tu es dans un état de conscience modifié qui t’ouvre à une réalité non ordinaire qui se rapproche, en effet, plus de ta véritable réalité. Dans cet état de conscience particulier, tu te détaches de ta personne et donc de ta réalité ordinaire et habituelle. Tu en gardes pourtant, une certaine forme qui sera utilisée ensuite pour habiller les nouvelles expériences que tu vas faire dans ton monde onirique afin qu’il y ait toujours un lien qui permette que quand tu reviens dans ta réalité de tous les jours, tu puisses en comprendre le sens et donc le message.
– Donc le monde onirique me parle ?
– Oui, il te parle, mais tout te parle, c’est juste que tu as oublié comment écouter tout son langage. Son langage de vie s’exprime toujours à travers tout ce que tu rencontres, mais comme tu es devenu sourd et muet à la vie, tu ne l’entends plus.
– Je suis aveuglé par l’idée que je me fais de ma réalité ordinaire ?
– Oui, en effet, tu es aveugle complétement au monde réel, car tu surimposes à tout ce que tu vis, une couche mentale qui interfère avec le langage du vivant. Comme tu ne sais plus t’ouvrir à la vie, tu alimentes en toi, une réalité mortifère et donc un monde de mort où seuls les trépassés peuvent vivre encore, un temps à travers toi.
– Je ne comprends pas !
– Tu vis au milieu de la splendeur, mais tu ne vois que l’ombre de cette réalité. Tout en toi est merveille, et pourtant, tout en toi est comme en veille, et donc fermé, désactivé même du jet florissant de la vie. Tout ce mouvement est comme pris au piège par les apparences de toutes ces ombres, de toute cette réalité illusoire, car tu ne sais pas qu’elle est seulement falsifiée. Tant que tu te bases sur toute cette irréalité, tu es comme biaisé parce que tu ne vois rien d’autre que tout ce qui te piège et donc t’enferme à ne rien voir de vraiment important pour ta vie.
– Mais quel est ce piège ?
– Ce piège est tout ce que tu vis tous les jours et que tu prends pour réel, alors que cela n’existe pas ! Ne t’inquiète pas, tu vas pouvoir comprendre, mais pour cela, je vais t’aider à rentrer dans un état d’être modifié afin que tu puisses faire l’expérience de la réalité non ordinaire. Maintenant écoute tranquillement cette voix : respire doucement en ton corps. Ressens simplement tout ce qui se passe dans ton corps, comme ta respiration qui entre et qui sort lentement de ton corps. Fais-le plusieurs fois. Cela te recentre dans une expérience plus réelle de ce que tu vis, car cela te rouvre au champ du vivant à travers seulement l’expérience de l’instant présent. Comment tu te sens ?
– Je me sens bien.
– Alors écoute bien avec cette sensation, n’essaye pas de comprendre avec ta tête, mais uniquement avec la sensation de ton être et suis-la, suis ta sensation comme un guide qui serait là pour t’acheminer vers un état de paix et de bien-être.
– Tu es dans cette caverne, sans cesse et même toujours en elle. Tu as le choix d’en sortir et pour cela, tu dois sentir en toi, cette grotte. Tu dois sentir toute sa lourdeur, tout ce poids que tu portes constamment en toi. Ressens bien tout cet espace qui n’existe pas, tout ce temps imaginaire qui se crée seulement dans l’espace de ta tête, dans une partie de ta conscience. Là, au milieu de toute cette illusion, prends conscience de ta présence. Exclusivement de ta présence.
Tu es là, au milieu de la splendeur et pourtant tu ne vois que cette réalité ordinaire. Regarde cette réalité ordinaire comme un flux d’informations qui se superpose sans cesse à ton expérience réelle. Sens tout son flux à travers toi qui te traverses et qui essaye ainsi de t’amener avec lui dans la projection de son irréelle expérience. Sens cette illusion en toi et perçois bien que tu n’es pas cela.
Comme tu n’es pas cela, cette illusion, à travers sa projection, ne t’embarque plus dans cet hors de soi. Tu restes immobile face à tout ce mouvement qui te traverse. Tu sens en toi, tout ce mouvement, mais tu n’y prends plus part, car tu n’es pas mouvement, mais seulement l’immobilité de toute ta présence.
Là, tu peux maintenant imaginer que tu as sur ta tête, comme un casque de réalité virtuelle que tu prends dans tes mains et que tu déposes délicatement par terre. Tu te vois, présentement, dans cette grotte, tu vois les images, le son et tous les stimuli continuer d’émettre face à toi sur le mur, mais comme tu n’as plus le casque illusoire sur toi, son empreinte et ainsi toute son influence n’existe plus. Voilà la caverne de la création illusoire de ton monde ordinaire que tu viens de dépasser et dont tu transcendes maintenant toute son expérience.
À présent, lève-toi, regarde autour de toi et surtout perçoit tout ce qu’il y a toujours eu derrière toi.
Je me lève, je me sens léger comme l’air, je détourne le regard de toute la projection du flux illusoire et je découvre, au fond de la grotte, derrière moi, des marches qui remontent en haut vers un autre monde… Les marches montent en spirale et j’aperçois une lueur qui illumine mes pas. J’ai du mal à regarder, cette lueur me fait mal aux yeux. Je m’arrête le temps de m’habituer à elle. Une fois accoutumé, je continue de monter cet escalier naturel et je m’achemine vers le haut.
Arrivé tout en haut, je sors de la grotte le long d’une falaise imposante, et je découvre une forêt immense où les arbres touchent le ciel, et à tel point que je ne vois pas où ils finissent, mais seulement où ils commencent.
Je marche maintenant dans cette terre céleste, je me sens en paix et en joie d’être à nouveau, ici, comme si j’avais toujours été présent en ce lieu. Comme si enfin, je retrouvai ma maison, mon foyer et donc mon véritable univers.
Je me retourne et je vois l’escargot d’or, là à la sortie de la grotte, qui me fait des signes de ces yeux et me dit tout fort :
« Te voilà sortie de ta réalité illusoire, marche encore, tu vas retrouver l’axe de ta vie et là, au milieu de la splendeur, tu retrouveras enfin toute la vie infinie qui s’épanouit sans cesse dans tous les sens.»