Dépasser notre chant sémantique
Nous arrivons en ce monde, dépourvu de tout, nu, inconscient, vide, innocent. Notre premier regard face à ce monde est marqué de tout ce à quoi, nos parents nous montrent. Sur cette terre vierge, vient s’imprimer tout ce à quoi ils croient, tout ce à quoi ils aspirent comme aussi toutes leurs peurs, leurs doutes et leur incompréhension. Nous sommes au départ marqué au fer rouge par la vision, la compréhension de nos parents, de notre famille, de nos amis, de nos professeurs, de notre ville, de notre culture. Nous sommes devenus tout ce qu’ils sont, tout en étant quand même, un peu soi-même mais à travers le moule de leurs croyances.
Dans cette identité rapportée, qu’elle est notre place ? Où est-ce que l’on peut se situer ? Peut-on se sentir à sa place, après tout ? Bien souvent, on se rend compte au fur à mesure, que l’on se sent de moins en moins à sa place. On arrive plus à se situer car on commence à voir que tout n’est pas clair, comme s’il manquait quelque chose. On ressent que ça ne tourne pas rond, que quelque chose ne va pas mais on ne sait pas quoi.
Que fait-on dans ce monde ? Pourquoi se lever le matin ? Pour qu’elle raison, doit-on se plier à la même rengaine chaque jour ? Qu’est qui nous pousse ? A-t-on vraiment le choix ? Tant de questions qui sortent et qui lasse m’entrainent dans ce flot d’attaque essentiel. Au de-là du mental, ces questions n’existent pas parce qu’elles n’auraient pas de sens ou pas d’utilité. Elles sont pourtant essentielles quand nous sommes encore pris par ce chant mental.
Nous baignons tous ici, en cette réalité terrestre dans un champ mental, il est un flux de pensées, de croyances qui nous englobent et qui nous séparent aussi de toutes nos dimensions originelles. Nous sommes venues ici, expérimenté une réalité basée sur la séparation, sur la dualité et le paradoxe. Nous avons appris au fur à mesure à nous baser seulement à travers l’œuvre du mental.
Nous avons appris une langue puis nous avons compris l’articulation de cette langue par rapport aux autres puis par rapport à soi. Cette langue est devenue la matrice même de nos possibilités ici en cette terre afin de pouvoir décoder ce qui s’y passe et aussi pouvoir l’interpréter et enfin pour pouvoir aussi communiquer. C’est important de comprendre que cette langue est devenue une source de possibilités délimités seulement par notre propre compréhension. Nous ne pouvons pas faire ce que nous ne comprenons pas et ainsi elles sont devenues nos propres limites.
Toutes limites proviennent toujours de ce qui nous est hors de porter, de ce qui nous est inconscient et donc incompris, il y a une corrélation entre ces trois termes qui peut donner tout un nouveau champ d’exploration à celui qui s’y ouvre mais là n’est pas mon propos. Ce langage nous permet de nous ouvrir à tout un océan sémantique, à tout un océan de sens.
Nous sommes enfermés par le sens même que nous donnons aux choses, au monde, aux êtres ! Il est important d’interroger ce sens en nous, afin de s’ouvrir à de nouvelles possibilités. Nous sommes circonscrits par notre chant sémantique, c’est-à-dire que hors de nos conceptions, nous ne pouvons découvrir autre chose.