Être est non accessible à notre manière de fonctionner

Être est non accessible à notre manière de fonctionner

Parce que nous fonctionnons à l’envers de ce que nous sommes, être est, pour l’instant, non accessible à notre manière de fonctionner. Ainsi, nous fonctionnons dans le non-être, c’est un état non naturel dans lequel pourtant nous avons pris l’habitude de nous y conformer. Tant que nous serons dans ce non-être, nous ne pourrons simplement pas gouter à l’être de notre être.

Ceci est le paradoxe de notre temps et l’expliquer d’une manière non paradoxale est cependant le seul moyen de comprendre toute l’étendue de notre ignorance sur ce que nous vivons sans cesse. Nous sommes enfermés à chaque instant dans le fer d’une prison illusoire, car on nous a habitué à vivre seulement à travers le faire et le vouloir de tout ce monde falsifié.

Tant que nous vivrons comme cela à travers tout se faire illusoire, nous nous perdrons dans les méandres d’un monde chimérique qui nous poussera néanmoins à continuer à suivre tout se faire à outrance. Nous survivons, car nous n’avons plus de volonté propre, nous croyons que ce que nous faisons provient de notre libre arbitre et pourtant, c’est tout le contraire puisqu’à chaque fois que nous faisons ce que nous croyons être de notre propre choix, nous ne faisons que suivre ce qui ne provient pas de nous. Nous ne faisons que subir ce que nous croyons être nous.

Nous sommes devenus autre. Cet autre a pris le pas de notre vie et nous dirige vers une direction qui nous dépasse, car nous nous croyons être cet autre à travers tout le faire qu’il fait à chaque instant. Nous nous identifions à tous ces actes et la mémoire de ces actes devient le liant de ce que nous croyons de nous. Immanquablement, cela devient le prisme même de tout ce qui nous identifie à être seulement ce qui a été fait.

À force d’être autre, nous sommes totalement submergées par cette mémoire qui prend alors tout le flux de notre focalisation et permet ainsi de se superposer à ce que nous sommes réellement. Derrière ce flot continu de pensées générées à partir de ce ne que nous ne sommes pas, nous n’avons plus la possibilité de comprendre que cela ne provient plus du tout de nous.

Alors, nous devenons concrètement autre, car tous nos repères sont basés sur l’excroissance de cette réalité atrophiée. À trop faire, que faisons-nous réellement ? Avons-nous conscience de se faire qui nous emprisonne sans cesse ? Et, s’il n’y avait concrètement rien à faire si ce n’est simplement être ? Ces trois questions représentent les trois étages principaux de la prison mentale dans laquelle vous êtes pris au piège.

Chaque question symbolise l’emprise d’un système de conception qui nous pousse à agir d’une certaine manière tout en nous empêchant de comprendre ni pourquoi ni comment nous agissons ainsi. Nous sommes comme pris au piège intérieurement par trois niveaux conceptuels qui nous inhibent d’être justement nous-même.

Chaque question devient la porte d’entrée à ouvrir afin de comprendre ce qui nous emprisonne pour ensuite pouvoir enfin s’en échapper. Tout ceci n’est pas qu’un discours imagé de ce qui nous arrive, c’est surtout un processus de prise de conscience dans le but de voir, enfin, tous les murs de nos prisons conceptuelles. Tant qu’ils ne sont pas reconnues pour des murs et donc pour des limites, nous ne pourrons jamais nous en libérer.

Découvrons ensemble la première porte, celle qui est la plus grande et qui englobe le monde dans une perception si illusoire, que l’illusion est devenue, par dépit, notre seule réalité. Cette porte n’existe pas à nos yeux, car nous ne savons pas ce que nous faisons, puisque nous faisons toute chose, sans réelle conscience de les faire.

À trop faire, que faisons-nous réellement ? Nous sommes tout le temps en train de faire quelque chose ou mieux, nous sommes sans cesse à imaginer ce que l’on pourrait faire ou ce que l’on fait, mais autrement. Donc, nous ne pouvons jamais nous ouvrir à autre chose puisque nous n’arrêtons jamais de faire et donc à trop faire, que faisons-nous concrètement ?

Faire, toujours faire, et refaire sans cesse les mêmes choses, et pourquoi alors faisons-nous tout cela ? Connaissez-vous les raisons qui vous poussent à faire ce que vous faites tous les jours ? Pourquoi faites-vous toujours pareil ? Répéter une fois, dix fois, cent fois et combien de fois autres pour voir que vous ne faites sans cesse que la même chose ? Quelle raison avez-vous à répéter toujours les mêmes actes, les mêmes paroles, les mêmes pensées ?

Si tout est constamment semblable, pourquoi continuer à le faire ? Quel sens, il y a, à faire à chaque fois les mêmes choses ? Qu’est-ce que cela vous apporte ? Est-ce utile à votre vie et sinon, à qui est-ce utile de faire absolument pareil ?

Ne vous est-il jamais venu à l’idée que de constamment faire pareil, n’était peut-être pas complètement normal ? Est-ce que cela ne ressemblerait pas à une vie contenue dans un système carcéral où vous n’auriez pas le choix de faire autrement que toujours faire pareil ? Qu’est-ce qui vous faudrait pour voir enfin de cette manière ?

C’est ici que la réponse vient tout autant de la deuxième question, soit avons-nous conscience de se faire qui nous emprisonne sans cesse ? Puisque nous n’avons pas conscience de se faire incessant et identique, nous sommes finalement emprisonnés par cette action répétitive ! Il y a deux choses essentielles à percevoir ici : la première est notre inconscience puis enfin la répétition.

Faire sans cesse les mêmes choses et elles deviennent finalement machinales, elles se font automatiquement et donc elles n’ont pas besoin de notre conscience pour se faire et donc pour le dire plus clairement, elles n’ont pas besoin de nous pour se faire puisqu’elles se font toutes seules. C’est ici que tout le stratagème est à percevoir, car si nous n’avons plus de place dans tout ce que l’on fait, où sommes-nous finalement ?

Si nous ne sommes pas là, tout peut se faire sans nous et laisse alors la place à autre chose qui agirait en nous et à notre insu. Tout le jeu de ce processus est de nous conformer à autre chose afin de faire quelque chose qui se fait sans nous, et pour agir en conséquence à l’intérieur de nous. Cette action engendre obligatoirement quelque chose dans notre être et pire, comme elle se fait sans cesse, elle prend du poids et de la consistance dans le but d’être prépondérante.

La répétition est, ce deuxième processus à bien entrevoir car il est ce qui permet, à travers ce que nous faisons sans cesse, à programmer en nous notre propre dépossession de nous-même. Comprenez bien ici que plus, on fait les choses machinalement et plus, elles se font automatiquement et donc sans conscience tout en agissant quand même à des profondeurs de conscience dont nous sommes hélas, totalement ignorants de ce qui se passe réellement en nous.

Elles agissent ainsi sans cesse pour nous perdre dans un néant d’être, puisque l’être lui-même n’a plus de place, car finalement il ne choisit plus rien. Ainsi, il ne fait que répéter sans cesse tout ce qu’il fait tous les jours. Il devient un outil utile au système tout en se désinhibant de l’être de son être, car il n’a plus de place pour simplement être ce qu’il est.

S’il n’y a plus de place et de temps pour être parce qu’il est rempli par le faire de ce qui se fait sans cesse, où est-il ? Si l’on ne sait plus où il est, c’est qu’il n’a plus accès à lui, ou du moins, il n’a plus conscience de ce qu’il est réellement, alors il y a toute la place pour le reconfigurer, le reprogrammer à être tout autre chose.

Vous comprendrez aisément maintenant que faire sans conscience n’est que ruine de l’âme, car c’est ainsi qu’elle se perd à devenir tout autre chose sans jamais concrètement comprendre pourquoi ni comment, puisqu’elle finit par faire juste ce qu’elle fait mais toujours inconsciemment.

Tant que vous ferez ce que vous faites sans conscience du pourquoi et du comment, vous ne pourrez jamais sortir de se faire qui ne peut que continuer indéfiniment, car il sert justement à ça. À générer de l’indéfini. À générer un processus qui sert à rendre l’être toujours plus indéfini puisque sans conscience et donc sans possible signification de ce qu’il vit.

Un être sans réelle signification de ce qu’il vit, peut finalement faire n’importe quoi parce qu’il aura toujours besoin des autres pour comprendre ce qu’il vit et donc pour savoir que ce qu’il vit est utile. Il suffit alors de lui dire qu’est-ce qu’il faut comprendre à sa vie et quelle utilité elle peut avoir, même si c’est totalement faux et illusoire.

Voilà réellement l’illusion de la prison de fer dans lequel, le règne humain est comme enfermé. Tant que l’être est non accessible à sa manière de fonctionner, le faire remplacera sans cesse son fonctionnement pour l’enfermer dans le système carcéral le plus sophistiqué qui existe dans notre Voie lactée.

Si nous sommes enfermés à faire sans cesse ce que nous faisons, alors comment faire autrement ? C’est ici tout le subterfuge le plus terrible, car tant que l’on fait, on ne peut être précisément soi-même. C’est le paradoxe ultime, mais pour le comprendre, il faut le vivre afin de laisser éclore un savoir plus grand que tout ce que l’on nous a appris.

Ce savoir est là pour désapprendre l’idée la plus terrible qui est que nous avons besoin de faire pour être ! Car en définitive, pour être, il n’y a rien à faire si ce n’est simplement être ! Il ne faut pas penser faire quelque chose pour atteindre quoi que ce soit, puisque juste la croyance qu’il y a quelque chose à atteindre va nous pousser à faire sans cesse des choses dans l’idée d’arrivée vers cet autre chose.

Ceci décrit le cercle vicieux dans lequel on se perd à faire sans cesse quelque chose dans le but de… Et, s’il n’y avait pas de but à atteindre, mais seulement le parcours à parcourir pour juste découvrir qu’est-ce que c’est ÊTRE, ainsi, il n’y aurait plus rien à faire pour être, mais tout se ferait à travers la conscience de l’être qui le fait. Voyez-vous maintenant la différence existentielle de cette vie ?

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